En 2011 au Canada, on estime à 23 400 le nombre de femmes qui recevront un diagnostic de cancer du sein et à 5 100 le nombre de celles qui en mourront. En moyenne, chaque jour, 64 Canadiennes apprendront qu'elles sont atteintes du cancer du sein et 14 Canadiennes mourront des suites de la maladie. Une femme sur neuf risque d'avoir un cancer du sein au cours de sa vie. Une femme sur 29 en mourra. Le 16 décembre 2011, je suis devenue officiellement une des 23 400 femmes ayant un diagnostic de ce cancer. En 2021, on estime que 229 200 Canadiens recevront un diagnostic de cancer et que 84 600 décèderont du cancer.


mercredi 13 mars 2013

Mammographie et lymphœdème


Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite.

15 février 2013

Mammographie le 8 janvier 2013. Je saurai aujourd'hui si deux opérations, quatre séances de chimiothérapie et 20 traitements en radiothérapie ont eu raison du cancer invasif confirmé le 16 décembre 2011.

J'aurai aussi des questions à poser sur l'apparence d'un lymphœdème qui affecte mon bras gauche.

Un an de sursis

Le premier bilan est heureux. Si l'on en croit la lecture de la mammographie, rien à signaler. Éradiquées les traces du cancer invasif qui a pourri mon année 2012. Mon chirurgien est content. Faut-il interpréter cela comme un sursis d'une année, soit jusqu'à la prochaine mammographie? C'est ce que je fais. Il me faudra cinq années avant d'utiliser le terme rémission. Et peut-être plus, avant d'oser penser au mot guérison. Je m'interdis toute illusion.

Depuis la fin des traitements de radiothérapie, les effets secondaires persistent suffisamment pour me rappeler que je suis encore sur le champ de bataille. 

L'ennui redouté

Moins de huit jours après la mammographie, les écoulements ont cessé. Je m'en suis réjouie jusqu'à ce que la douleur revienne. Au début, je m'y suis résignée, accusant l'écrasement obligé (?) du sein lors de l'examen d'avoir blessé la tendre chair. « Cela va passer » ai-je pensé. Loin de là. Petit à petit, une masse dure est apparue sur le côté droit du sein. Rien à voir avec la cicatrice. Une seconde masse a envahit le bas. Une sensation de tiraillement s'est manifestée, non seulement dans le sein gauche de plus en plus lourd, mais aussi sous l'aisselle, pour s'étendre ensuite à l'épine de l'omoplate, puis au bras et finalement à l'avant bras.

La douleur n'a pas suffit à m'alarmer. Les écoulements, la masse dure au sein, la douleur à l'aisselle, tout cela avait été abordé lors de la visite médicale en octobre dernier. On entend tellement dire que les effets secondaires des traitements peuvent perdurer pendant des mois que l'on en vient à ne plus questionner, espérant seulement trouver le moyen d'apprivoiser le mal sans trop recourir aux médicaments. On devient patiente dans tous les sens du terme. 

Plus que la douleur, c'est le visuel qui m'a alertée. Un sillon profond à l'avant bras de plus en plus gonflé. Un poignet lisse au point d'en être suspect et la certitude d'un bras plus gros que l'autre, sans que cela ne soit vraiment évident pour tout observateur plus soucieux de ma rassurer que de donner raison à ma peur grandissante d'un lymphœdème.






Me sachant à une semaine d'un rendez-vous confirmé avec mon chirurgien, je n'ai pas téléphoné à mon infirmière pivot. Ce que j'aurais dû faire, me reproche le médecin, m'absolvant tout de même puisqu'elle n'aurait pu faire mieux que de m'obtenir un rendez-vous avec lui.

  - J'ai une peur bleue du lymphœdème, lui dis-je tandis qu'il examine attentivement sein et bras.
  - Pourquoi?
  - Parce que tout ce que je lis sur le lymphœdème ne me rassure pas.
  - Ça se traite, me rassure-t-il. Le vôtre est
  - Ah! donc, c'est bien ça? 
  - Le vôtre, reprend-il sans m'en vouloir de l'interrompre, est tout petit.
  - Mais il ne disparaîtra pas tout seul?
  - Non. Il faut le traiter.
  - Comment? 
  - Par un drainage. Je vais vous expliquer tantôt.
  - Et je n'aurai pas « le gros  bras »? Je ne le veux pas.
  
M'assurant que ce phénomène (le gros bras) demeure rare, le médecin se dit optimiste dans mon cas, certain que, incluant les exercices recommandés, je prendrai tous les moyens pour l'éviter. Il me signe une ordonnance pour un drainage lymphatique

Je le quitte mitigée. Je suis contente des résultats de la mammographie et de la perspective rassurante de le revoir dans quatre mois. Pourtant, je me sens laissée à moi même devant cette lymphe qui se heurte à mes cicatrices et au vide laissée par les 21 ganglions enlevés lors de l'opération. Une lymphe qui doit trouver sa route dans le labyrinthe de mon corps mutilé.

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