En 2011 au Canada, on estime à 23 400 le nombre de femmes qui recevront un diagnostic de cancer du sein et à 5 100 le nombre de celles qui en mourront. En moyenne, chaque jour, 64 Canadiennes apprendront qu'elles sont atteintes du cancer du sein et 14 Canadiennes mourront des suites de la maladie. Une femme sur neuf risque d'avoir un cancer du sein au cours de sa vie. Une femme sur 29 en mourra. Le 16 décembre 2011, je suis devenue officiellement une des 23 400 femmes ayant un diagnostic de ce cancer. En 2021, on estime que 229 200 Canadiens recevront un diagnostic de cancer et que 84 600 décèderont du cancer.


mercredi 1 février 2012

Retour à la case départ

   
 Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés  par ordre chronologique dans lacolonne de droite.

1er février

Rencontre hier avec mon chirurgien. Dans la salle d’attente trois personnes me précédaient, quatre autres me suivaient.  Un contretemps a provoqué un retard dans les consultations. Mais les patients ont l’habitude. Attendre s’inscrit dans la norme à laquelle se résigner.

Je les observais me disant que chacune vivait son histoire. La première doit revoir le médecin dans trois mois. C’est donc qu’elle a franchi les étapes et qu’elle est dans le suivi. C’est d’abord aux trois mois, puis au six mois, puis une fois l’an. Le second, seul homme en attente feuillette un magazine sur les automobiles de luxe. Il a choisi un siège dans un coin, face à la porte du médecin. Lorsqu’il délaisse la revue, il s’isole dans une bulle, ne regarde personne, même les nouvelles entrées, jusqu’à l’appel de son nom. La troisième est calme, silencieuse. Ses cheveux noirs coupés courts sont brillants, bien coiffés. Je me dis que mon coiffeur Clément admirerait en lui disant que c’est bon signe : des cheveux sain sur un corps sain.

Je sais que je serai reçue après elle. 

La numéro cinq est jeune. Une grande femme qui ne tient pas en place. Elle entre et sort plusieurs fois, consulte et range son téléphone « intelligent » à un rythme qui pourrait trahir l’anxiété, car elle ne se concentre jamais longtemps. Peu avant que je quitte la salle, sans doute croyait-elle que c’était enfin son tour,  elle passe la courroie de son sac par dessus sa tête, le manteau replié serré contre elle de ses deux bras, le buste penché vers les genoux. Prête au combat me suis-je dit, consciente que je nourris mon propre fantasme guerrier. Il existe des opérations bénignes qui pourraient justifier sa présence dans cette salle bien nommée salle d’attente. 

Un peu d’animation entre alors que s’installe un couple. Ils apprennent qu’il y a un retard de 30 minutes… une heure protestent « les déjà là ». Comme ils sont arrivés une demi-heure à l’avance, la dame hésite entre profiter de ce temps ailleurs ou se joindre aux patients. Mais où aller? Finalement le couple reste avec nous et entreprend un duel de mots croisés. Peu après une dame âgée accompagnée de son mari s’ajoute. Elle regarde ceux qui la précèdent et sourit à ceux qui la regardent.  Le lieu lui est familier. On la sent prête à répondre à toutes les questions. Mais personne n’est vraiment bavard. Moi, moins que quiconque, pressée que je suis de savoir.

 Mon tour

Le Dr Trudeau nous accueille, moi et un Rejean déterminé à assister à tous les entretiens, devinant que son amoureuse n’hésiterait pas à occulter certaines informations.

Priorité à l’état présent. Depuis une semaine je vis avec des douleurs au bras et un gonflement croissant sous l’aisselle qui m’inquiète. À tort, j’ai cru à un lymphoedème, possible après une telle opération, cherchant en vain comment me soigner. Il s’agit plutôt d’un liquide séreux post-opératoire. Et oui, madame, cela fait partie des problèmes inscrits sur la liste des motifs indiqués sous le titre : Quand appeler votre médecin, me suis-je remémoré en me grondant intérieurement, pendant que, plus gentil que moi, le docteur effectuait la ponction de près d’un demi litre de ce liquide séreux.

-    Est-ce que cela va recommencer?
-    Peut-être… probablement pas.
-    Et je fais quoi?
-    Vous m’appeler et on refait une ponction.

Tandis qu’il me soigne je tente d’autres questions. Très calme, il me sourit en répliquant :

-    Pas tout de suite
-    Ah! Je vais encore trop vite?
-    Une chose à la fois… vous savez, je suis un gars,
me taquine-t-il. Une chose à la fois.

Je ne parviens pas à ignorer les personnes qui attendent de l’autre côté de la porte et cherche à ce que la rencontre soit brève.  Mauvaise attitude. Je dois penser à moi. Car en ce moment, dans ce cabinet, c’est ce que mon chirurgien fait : s’occuper de moi.

En second : information post-opératoire

Le résultat des analyses confirment les prédictions. Sur les vint-et-un ganglions enlevés trois étaient cancéreux, les dix-huit autres n'étaient pas atteints. On s’est attaqué à un carcinome canulaire de 2,2 cm  T2N1. La chimiothérapie et la radiothérapie sont incontournables. 

À notre première rencontre je lui ai dit :
-    Je veux vivre. Je veux une vie de qualité. Je ferai tout pour cela. Je veux que vous preniez tous les moyens pour cela.

Un mois et demi et une opération plus tard, c’est encore le seul objectif.

Petit hic, hélas! La tumeur de 2,2 cm n’était pas seule. Dans ma tête je comprends qu’elle s’est entourée de petits satellites dont au moins un, si minuscule qu’il n’a pu être vu et capturé lors de l’opération. Heureusement, les analyses postopératoires ont débusqué l’ennemi caché.  Solution? Compte tenu de l’objectif ultime, parmi les options je choisis le retour à la salle d’opération. Pas question de laisser un soupçon de cette saleté dans mon corps. Je suis déterminée. Mon chirurgien aussi. Mieux! Il croit en ma victoire.

De retour à la maison, savourant mes retrouvailles avec un bras normal bien que douloureux, j’ai rangé mon cancer dans le tiroir demain.

Aujourd’hui c’est demain. Je pense au 3 avril, 29e anniversaire de mon fils. On fera la fête. Et voilà grand ouvert le tiroir de mes craintes : nouvelle opération le plus tôt possible ce mois de février signifie ne pas attraper de rhume, d’infection. C’est retourner à la case départ et ces journées « après » de récupération et de remise en forme que je viens de passer. C’est attendre de nouveau le résultat des analyses. Et seulement si le résultat convient, entreprendre la phase II.

Aujourd’hui… je voudrais être demain.

***

10 commentaires:

  1. andré r. gauthier1 février 2012 à 17:54

    lâche pas !

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  2. Via FB :on sera là aussi, en pensées avec toi........
    Josée Bourassa

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  3. Via FB : on sera là aussi, en pensées avec toi........

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  4. Via FB : on sera là aussi, en pensées avec toi........

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  5. Via FB :J'ai lu ton message sur Nordique du cancer et je suis vraiment déçue de cette nouvelle, autre opération... ton moral est bon et tu es une battante qui obtiendra la victoire sur cette bibitte, je t'accompagne Bisous

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  6. Simone Vanantwerpen2 février 2012 à 11:51

    Via FB : ACCROCHES_TOI MA COUSINE ....BATS_TOI.....

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  7. Bises affectueuses. Car la vie est un combat et toi une guerrière pas comme moi... J'admire ta force, ton moral, ton optimisme.... un véritable exemple à suivre.

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  8. Sébastien Van Autrève3 février 2012 à 14:52

    Via FB : Bonjour petite cousine, un peu triste de lire ces dernières nouvelles :-( Garde le moral et bats-toi. Maintiens-bien le focus sur ton objectif. Courage. De tout coeur avec toi. Bizz
    Sébastien

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  9. Nous pensons très fort à toi Christiane !! Loin des yeux, mais près du coeur ♥ !! Nous t'embrassons très fort !! Courage !! TES.

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  10. Laurence Van Autrève3 février 2012 à 14:54

    bonjour je suis la soeur de sébastien on ne se connait pas mais j'ai souvent entendu parler de vous.. courage en ce moment difficile je pense très fort à vous. dans l'espoir de vous rencontrer un jour! Amicalement

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