En 2011 au Canada, on estime à 23 400 le nombre de femmes qui recevront un diagnostic de cancer du sein et à 5 100 le nombre de celles qui en mourront. En moyenne, chaque jour, 64 Canadiennes apprendront qu'elles sont atteintes du cancer du sein et 14 Canadiennes mourront des suites de la maladie. Une femme sur neuf risque d'avoir un cancer du sein au cours de sa vie. Une femme sur 29 en mourra. Le 16 décembre 2011, je suis devenue officiellement une des 23 400 femmes ayant un diagnostic de ce cancer. En 2021, on estime que 229 200 Canadiens recevront un diagnostic de cancer et que 84 600 décèderont du cancer.


mercredi 16 janvier 2013

Un an de combat contre le cancer


Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite.

16 janvier 2013

Le souvenir est un phénomène parfois étrange. Il réactive un moment de vie passée auquel s’ajoute tout ce qui en a découlé par la suite. Le souvenir tente de s’immiscer dans le présent, tandis que ce même présent ne peut que tronquer ce souvenir par le cumul des événements subséquents. Heureusement, le récit écrit dans l’action lui redonne ses couleurs. Aujourd’hui, je me réjouis d’avoir pris le risque de Nordique du cancer. La lecture de ce parcours des douze derniers mois me permet, avec le recul, de prendre la mesure du combat livré.

J’espère la victoire. J’espère que les résultats de la mammographie subie le 8 janvier dernier – je dis bien subie car cet examen n’est pas une partie de plaisir – ouvrira grand les portes de l’optimisme. Dans 15 jours je devrais être fixée.

Il y a un an, le 16 janvier 2012, je me préparais à quitter la salle de réveil de l’hôpital de Chicoutimi, après une opération au sein gauche pour enlever de ce corps toutes cellules cancéreuses visibles. Je venais d’entamer, avec mes alliés de blanc vêtus, la première grande bataille contre l’invasion d’un tueur.

·  En moyenne, toutes les 11 minutes un Québécois (3 minutes au Canada) apprend qu'il est atteint d'un cancer. Toutes les 26 minutes, un Québécois (7,5 minutes au Canada) meurt d'un cancer. (Source : ici )

En 2012 :
•    On estime à 22 700 le nombre de femmes qui recevront un diagnostic de cancer du sein et à 5 100 le nombre de celles qui en mourront.
•    On estime également que 200 hommes recevront un diagnostic de cancer du sein et que 55 en mourront.
•    En moyenne, chaque jour, 14 Canadiennes mourront des suites de la maladie.
(source : ici)

Derrière la froideur des statistiques, il y a une réalité à laquelle on n’échappe pas. L’ennemi qui nous attaque frappe aussi des personnes aimées. Mon cœur s’est endeuillé plusieurs fois au cours de cette année. Et chaque mort me confrontait à ma propre vulnérabilité. Le taux de survie augmente bien sûr et cet espoir alimente notre force. Mais difficile d’oublier mes sœurs d’occasion, croisées dans les salles d’attentes, alors que certaines livraient leur seconde et parfois leur troisième guerre contre le cancer, alors que plusieurs en sont mortes.

Nul besoin de répéter tout ce que j’ai déjà raconté dans ces pages : l’année n’a pas été facile. Je m’étonne ravie de cette capacité d’oublier le pire pour vibrer surtout à la renaissance. Quand la douleur se tait, que l’énergie revient, quand l’enthousiasme peut déployer ses ailes et que toute la vie nous semble revenue, c’est l’euphorie.

Un an.

Il y a eu l’angoisse précédant le verdict. Il y a eu ce coup de massue quand le médecin confirme le danger redouté : cancer invasif. Il y a la rage de vaincre, la détermination à tout supporter si cela mène à la victoire. L’apprentissage de la douleur, de la fragilité, le corps ravagé par le poison salvateur. Il y a la laideur des plaies, l’orgueil blessé par le saccage physique : perte des cheveux, des ongles, des sourcils, des cils. Il y a les handicaps des yeux pleureurs, des œdèmes aux pieds, de la constante faiblesse. Puis survient, dans ce champs dévasté, une toute petite fleur de plaisir : une saveur inattendue dans la bouche, un frémissement de l’esprit à la capacité  de lire, un élan de tendresse dans l’abandon confiant d’un enfant dans nos bras, une fierté non retenue après quelques cents mètres d’un pas retrouvé. Une sensation de vivre la fièvre du printemps.

Chaque jour qui passe multiplie les retrouvailles, chaque mois consolide les acquis. C’est le temps de l’espoir.

Un an.
224 jours après le dernier traitement en chimiothérapie.
161 jours après le dernier traitement en radiothérapie.
121 jours d’hormonothérapie.
8 jours après la mammographie « post » opérations et traitements.
15 jours avant le verdict de ce premier bilan. 

Je ne me retourne sur cette année 2012 que pour mieux regarder devant moi. Je ne sais rien de demain. Mais il y a une chose que je sais, ce 16 janvier 2013 : que le cancer se le tienne pour dit, je suis prête à me battre encore.  

Un survol en photos de ma guerre : des images témoins

2011
Coupe préparatoire avant la chimio

Première séance de chimio
La chimio décoiffe

La chimio n'est pas une cure de rajeunissement
La chimio n'est pas sans colère


Tondue


Tondue, mais encore des sourcils

Entre deux séances de chimio

La repousse de l'automne, 16 septembre 2012


Décembre 2012. Les cheveux poussent mais pas les sourcils.

16 janvier 2013