En 2011 au Canada, on estime à 23 400 le nombre de femmes qui recevront un diagnostic de cancer du sein et à 5 100 le nombre de celles qui en mourront. En moyenne, chaque jour, 64 Canadiennes apprendront qu'elles sont atteintes du cancer du sein et 14 Canadiennes mourront des suites de la maladie. Une femme sur neuf risque d'avoir un cancer du sein au cours de sa vie. Une femme sur 29 en mourra. Le 16 décembre 2011, je suis devenue officiellement une des 23 400 femmes ayant un diagnostic de ce cancer. En 2021, on estime que 229 200 Canadiens recevront un diagnostic de cancer et que 84 600 décèderont du cancer.


jeudi 19 décembre 2013

Cette peur récurrente

Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite. 

À la veille de célébrer le 2e anniversaire de la première bataille (opération) menée contre le cancer du sein, je me retrouve confrontée à cette fracture irréversible qui sape la base de ma propre force. Si orgueilleuse je suis de ma survie, je demeure désormais extrêmement vulnérable à l'idée d'une récidive. Les cicatrices qui lézardent ma poitrine et mon bras reflètent les traces invisibles d'une peur obsédante qui s'insinue en moi envers et contre toute raison. 

Le cumul de symptômes dont on parle peu, du moins dans le cas des effets possibles consécutifs à la chimio ou la radiothérapie, nous plonge dans l'inquiétude et le doute. Que dis-je? Nous précipite dans la peur de découvrir que l'ennemi est de retour. Et tout bascule.

La raison suggère le déni temporaire, le temps de consulter, le temps d'avoir l'avis de celui qui sait... 

L'émotion n'écoute que les échos de trop de cicatrices accumulées. Pire, ce n'est pas de reprendre le combat qui m'a le plus ébranlée ces derniers jours. Non, ce qui m'effraie le plus dans ce débat mental, c'est l'idée de la souffrance imposée de nouveau à ceux qui nous entourent et dont la tendre présence n'a jamais fait défaut dans les pires conditions de la maladie.

Au cours des différentes séances de thérapie, j'ai partagé la salle d'attente avec des femmes qui traversaient leur 2e, leur 3e, parfois leur 4e cancer. Je me disais, les admirant, si elles le peuvent je le pourrai aussi. Mais, au plus profond de moi, je souhaitais échapper à cela. J'y ai cru.

Puis, différents symptômes sont apparus : écoulements parfois teintés de sang, inflammation, douleur. Et finalement cette dernière alarme d'un mamelon rétracté qui m'a conduite dans une spirale d'émotions qui me donne la mesure de ma fragilité.

Il n'y aura pas de certitude. Il n'y a qu'un nouveau répit.

Ce matin, rencontre avec mon chirurgien, dont le calme contraste avec mon tumulte intérieur.

- Comment allez-vous?
- Un peu inquiète, lui dis-je.
- Racontez-moi.

Je raconte. Il écoute. Ausculte. Rassure.

Oui, il y a inflammation persistante. Oui, il y a donc douleur. Les écoulements ont cessé? C'est bien. Une étape de franchie. Oui, il y a manifestement modification du sein et contraction du mamelon. L'opération a créé un vide... il aspire. La radiothérapie a causé  plusieurs dommages permanents. Et donc, 468 jours après la dernière séance de radiothérapie, les effets secondaires se manifestent encore. 

Je me souviens de mon insistance auprès des deux oncologues alors que je leur demandais combien de temps pour guérir? Et toujours la même absence de réponse. On ne sait pas.

Bref, ces symptômes ressentis par des femmes n'ayant pas eu le cancer doivent les inciter à consulter au plus tôt. Par contre, pour certaines rescapées de cette guerre, ils seraient des dommages collatéraux de l'opération et de la radiothérapie. Ce qui n'exclut pas de demander un avis médical éclairé et encore moins d'assurer le suivi annuel, si désagréable soit la mammographie imposée à un sein déjà douloureux.

Et comme me l'explique mon zen médecin :
- Quant au cancer du sein, il y a des femmes qui s'en tirent mieux que vous. Il y en a qui s'en tirent moins bien. Chaque cas est unique.

- Ah! Je suis unique!

Je suis repartie avec le sourire. Un peu fatiguée cependant. 

Au bilan : j'hérite d'un lymphœdème qui est une maladie chronique. Les douleurs se résorberont ou pas, nul ne peut prédire. Et la mammographie prévue en janvier sera l'annonce d'une nouvelle année de rémission... ou pas.

****

À la publication de mon dernier billet, hier sous le titre « Fichu 16 décembre » où je confiais mon inquiétude, j'ai reçu de nombreux messages d'encouragement, de confiance et d'empathie. Je me suis permis de les ajouter dans les commentaires de ce blogue, afin de les conserver. Ces messages ne sont pas anodins. Ils sont précieux, une flamme à laquelle se réchauffe le cœur. Merci à vous tous.




mercredi 18 décembre 2013

Inquiétude à l'horizon

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16 décembre 2013


Que dois-je comprendre? Le 16 décembre 2004 j'ai été opérée au sein droit pour extraire une mini-masse de 2 millimètres qui allait me situer dans les statistiques à risque pour le cancer du sein. Le 16 décembre 2011 mon chirurgien prononçait le terrible verdict :  cancer invasif au sein gauche. Et voilà que le 16 décembre 2013,  un nouveau symptôme inquiétant : le mamelon du sein gauche est entièrement rétracté. Un véritable cratère.

Or, de tout ce que l'on nous dit, de tout ce que l'on peut lire, cette rétractation du mamelon est de mauvais augure. Le 17 décembre, je téléphone à l'infirmière pivot de l'hôpital de Chicoutimi, espérant qu'elle saura me convaincre de ne pas m'inquiéter. Pas question d'attendre dit-elle. En moins de 2 heures, la secrétaire de mon chirurgien qui assure le suivi me rejoint pour confirmer un rendez-vous d'urgence ce jeudi 10 h 30.

J'ai la désagréable sensation de me trouver de nouveau entre parenthèse. Le doute m'assaille. La peur s'insinue. Et s'il fallait...

J'ai tant aimé mon été 2013. Tant ressenti la joie de me sentir vivante, pleine d'énergie, le corps en fête, la tête en feu d'artifice. J'ai aimé l'automne, anticipant célébrer en janvier le 2e anniversaire de mon premier combat dans cette guerre. J'ai savouré l'espoir. 

Et là, j'attends. J'attends demain...

Attendre de nouveau, espérant que le verdict ne sera pas ce que j'appréhende. Espérant que le cancer n'est pas de retour.




J'en suis à :

529 jours après le dernier traitement en chimiothérapie

467 jours après le dernier traitement en radiothérapie

427 jours d'hormonothérapie




mercredi 2 octobre 2013

Clinique de support médical et de drainage lymphatique manuel


Pour savoir combien cette clinique est utile dans mon combat contre les séquelles des traitements contre le cancer, j'ai convaincu ma thérapeute de s'offrir un espace sur la Toile afin de rejoindre un plus grand nombre de personnes.

On ne peut pas vraiment compter sur nos médecins, les miens semblent m'avoir oubliée, ni sur le système qui rend orphelines les milliers de femmes au prise avec un lymphœdème. Nathalie Bourbon est une ressource précieuse méconnue au Saguenay. 

Ce matin, le site de sa clinique a été mis en ligne :

Clinique support médical + et lymphoedème: Clinique de support médical et de drainage lymphat...: La qualité de vie vous importe? Notre mission est d'offrir un service et des produits spécialisés à la population du Saguenay et des en...

jeudi 12 septembre 2013

Lymphoedème, comme une ancre retenant le navire

Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite. 

12 septembre 2013


 De retour après plusieurs mois de silence. Un beau silence plein de vie.

Me voilà à l'aube d'un nouvel automne, ma saison favorite, convaincue que le combat de 2012 en valait la peine, même si cela n'avait été que pour vivre ces derniers 12 mois. Je suis pleine d'énergie, superbement entourée, très active et savourant chaque jour. Je me sens insatiable... mais lucide. Je suis navire ancré à bon port, mais piaffant d'impatience de larguer les amarres pour retrouver l'océan de toutes mes passions.


S'ajoutant au poids de l'hormonothérapie quotidienne, mon ancre pèse lourd d'une autre contrainte : les traitements réguliers contre le lymphœdème qui affecte sein et bras gauches depuis janvier dernier.

J'en suis à :

432 jours après le dernier traitement en chimiothérapie

370 jours après le dernier traitement en radiothérapie

330 jours d'hormonothérapie (encore 1496 jours)


Nombreuse minorité


Lors de mon dernier écrit, du 13 mars 2013, je terminais sur ma rencontre avec mon chirurgien. Il n'a pas été sourd à mon inquiétude concernant l'apparence d'un lymphœdème.

- Très petit lymphœdème, a-t-il dit à une impatiente qui préfère pas du tout de lymphœdème.

- Que puis-je faire? Quelles sont les ressources?


Ah! cette détestable règle qui empêche les médecins de recommander un autre praticien, laissant finalement son patient contraint de se débrouiller seul. Il m'a remis une ordonnance et la carte de visite d'une personne qui effectuerait le drainage lymphatique à Chicoutimi. À moi de faire mes recherches.

À peine sortie de bureau du médecin, je téléphone au 418-698-4441 de la Clinique de support médical pour obtenir un rendez-vous au plus tôt. Le temps d'apprendre que la personne indiquée sur la carte ne pratique plus, je me rassure à l'idée que la clinique a été reprise en main par une massothérapeute qui a suivi une formation spécialisée en drainage lymphatique. Le 21 février 2013, je m'abandonne entre les mains expertes de Nathalie Bourbon qui va me faire un bien énorme.

Bien sûr, j'ai effectué des recherches sur Internet afin de mieux comprendre le pourquoi, le comment et surtout le combien de cet autre dommage collatéral du cancer du sein (et autres opérations) qui, à mon avis, ne me semble pas suffisamment préoccuper nos médecins. Parce que rare? diront-ils. Pas tant que cela lorsque l'on survole les nombreux forums sur le sujet.

De 15 à 20 % des femmes sont touchées après traitement du cancer du sein. (Source)
Le lymphœdème (enflure des membres causée par une accumulation de lymphe) frappe de 25 % à 30 % des femmes traitées en chirurgie ou en radiothérapie pour un cancer du sein. Cette maladie chronique, non reconnue par les gouvernements canadien et québécois, se contrôle surtout par la thérapie décongestive combinée, qui comprend le drainage lymphatique manuel. Encore peu connue des médecins et non couverte par les régimes publics d’assurance maladie, cette thérapie ne serait accessible qu’à environ 1 % des femmes qui en auraient besoin. C'est ce que déclare Michel Eid, spécialiste de la thérapie décongestive combinée, diplômé de la Dr Vodder School, située en Autriche, et membre de la Fédération québécoise des massothérapeutes.


Selon les statistique de la Fondation de la société du cancer du sein du Québec, 6000 femmes recevront un diagnostic positif en 2013. On peut facilement supposer que mille d'entre elles seront affectées ultérieurement par le lymphœdème. Avec le cumul des années, on a le cumul des cas. Peut-on encore prétendre que ce problème est trop rare pour s'en préoccuper?

Infirmière retraitée, qui a affronté ce problème, Nicole Langevin relate :


 Au Québec, 140 000 personnes vivent avec un lymphœdème et seulement 1% de ces personnes atteintes de lymphœdème sont diagnostiquées. Les personnes qui développent un lymphœdème sont confrontées à un manque de ressources traitant le lymphœdème partout dans la province, à des coûts très importants et très souvent inabordables pour la majorité de la population. (Source)

Outre le manque de ressources, de personnes accessibles vraiment formées pour  traiter le lymphœdème, surtout en région, le fait que cette maladie bien réelle ne soit pas reconnue par notre système de santé, condamne les patientes à assumer les coûts du traitement. Au cours de mes recherches et de mes rencontres, j'ai pu identifier des sœurs de combat qui, faute de moyens, ne sont pas traitées laissant leur cas se détériorer jusqu'à ce qu'il devienne si grave que le système n'aura plus le choix de les prendre en charge. Mais à quel prix? Humanitaire et monétaire.

Drainage lymphatique


J'ai trouvé beaucoup d'information sur la lymphe. Certains sites sont très bien faits et mieux vaut les consulter que de prendre le risque de mal les résumer.  Il y a celui de l'association Les Impatientes dont je cite cet extrait :


Le lymphœdème est bien souvent un souvenir perpétuel de la bataille menée contre le cancer du sein. Les femmes qui ont eu un lymphœdème suite à un cancer du sein s'adaptent moins bien à leur maladie car elles ont du mal à reprendre une vie "normale", gênées par leur bras qui les fait souffrir. Elles ont par exemple du mal à trouver des vêtements confortables et adaptés, ou à porter des choses lourdes (ce qu'il faut éviter), et le lymphoedème est vraiment handicapant dans la vie quotidienne. L'œdème est souvent sous-estimé (quand il est diagnostiqué) et bien que les traitements existent, le corps médical est généralement mal informé ou peu préoccupé par ce problème qui n'est pour lui qu'un effet de bord. Mais les traitements existent bel et bien et ne pas en bénéficier ne fait qu'augmenter la douleur, le mal-être, la frustration de ne pouvoir utiliser son bras normalement, le tout associé à un sentiment néfaste d'impuissance. (source)

Quant à  Michel Eid que je citais plus haut, il exprime tout à fait ce que je ressens :

Ensuite, il y a l’argumentaire économique : à long terme, payer les traitements sera rentable parce que c’est l’invalidité qui guette plusieurs patientes. Les 1000 ou 2000 dollars que coûtent les traitements constituent un investissement parce qu’en plus de maintenir les gens au travail – et de les faire continuer à payer de l’impôt plutôt que de dépendre de l’État – les traitements repoussent et apaisent les problèmes articulaires ou les infections qui nécessiteront la prise de médicaments ou l’hospitalisation. (source)

 Honni soit le lymphœdème


Tout au long de l'année 2012, j'ai connu plusieurs étapes de la douleur reliée à la double opération subie  en janvier et février pour enlever la tumeur et les ganglions. Ces ganglions par où circule la lymphe. Le chirurgien en a enlevé 21 sous l'aisselle dont trois été cancéreux. Pourquoi 21 ? Décision, choix du médecin. Et pourquoi pas seulement 5 ou 9  comme le font des chirurgiens d'autres hôpitaux? Et pourquoi n'offre-t-on pas des cours d'exercices appropriés dans tous les hôpitaux, ainsi que cela se fait à Québec mais pas à Chicoutimi? Entre combattantes du cancer on discute et on compare. Cela nous confronte à encore plus de questions, parfois au doute. Mais envers et contre toutes, j'ai choisi la confiance. Je persiste à me convaincre que mes hommes en blancs ont fait les meilleurs choix pour moi qui leur demandais d'éradiquer le crabe et de m'offrir toutes les chances de guérison. La guérison? Ils ne le promettront jamais. Le temps seul à la réponse.

Cela dit, j'ai dû subir plusieurs ponctions après l'opération. Après quoi, toutes les douleurs se sont confondues au cours de la chimiothérapie (page 21 à 26, colonne à droite) et de la radiothérapie. Septembre laissa peu de répit avec un tiraillement incessant au bras gauche et un sein rouge flamme dont la douleur a diminué quand, bienvenue panique, il se mit à couler.

Ma lecture sur le sujet ne prêtait pas à l'optimisme. Je me faisais confiance cependant, fidèle aux exercices et aux mesures de prudence recommandés pour prévenir le lymphœdème.  Parmi celle-ci : éviter pression, traumatisme. Et la mammographie qu'est-ce donc sinon un traumatisme, une pression très forte, voir à la limite du supportable alors qu'on écrase votre sein?

Malgré les exercices, malgré la prudence, je figure parmi cette minorité de femmes qui développe un lymphœdème. Cette chose qui se soigne mais dont, paraît-il, on ne guérit pas.  Cette chose qui m'affecte, que je combats avec un certain succès tandis que j’appréhende déjà le retour, en janvier, devant l'instrument de torture pour la seconde mammographie post cancer du sein.

Heureusement, il y a Nathalie


Le 21 février, je rencontrais Nathalie Bourbon, massothérapeute membre de l'AMQ, spécialiste en drainage lymphatique qui a étudié la technique Vodder et plusieurs autres. C'est elle qui a repris la Clinique Support médical située au 322, rue Saint-Valier, à Chicoutimi.

Je décris les douleurs (tiraillement, lourdeur, gonflement, élancement), je parle du peu que je sais, j'espère réconfort et solution. Elle écoute avec attention, avec empathie. Elle explique en quoi consiste le drainage, fait une évaluation de mon bras et sein gauches dont elle prend les mesures. Mon bras gauche est de près de 3 cm plus gros que le droit. On peut regretter que ces mesures, sachant qu'un membre est toujours plus petit que l'autre, ne soient pas prises systématiquement avant l'opération et le traitement en radiothérapie.

Finalement je m'abandonne à ses mains. Le soulagement est immédiat. 


Je me réjouis de savoir que je peux bénéficier de soins appropriés. Je tique un peu sur la perspective de devoir porter un manchon de compression qui n'a rien d'esthétique ni de vraiment confortable. Mais je suis prête à tout pour retrouver mon intégrité physique.



Un style de manchon que je porte


Chaque semaine, je me rends à la clinique pour un drainage manuel. Il y a encore de la douleur mais le bras me semble moins gonflé. Les jours sont en dents de scie. Parfois, s'ajoute une douleur à la nuque. Pourtant le corps réagit. Je sens circuler la lymphe. C'est comme un frisson qui suivrait une ligne sinueuse dans le dos ou sur le côté du corps.

Au deuxième mois, le traitement est donné aux 15 jours. Le temps de laisser le corps travailler de lui-même. Je continue les exercices tels qu'identifiés sur la brochure remise par le service d'oncologie. Je continue de me demander pourquoi dans le même système des patientes ont eu droit à des cours précis et pas les autres.


Au 3e mois, nous passons aux trois semaines. Le gonflement du bras a diminué. Au moins 1,5 cm de l'avant bras, du poignet et de la main et 1 cm de l'épaule au coude. Depuis juillet, le traitement est mensuel. Le sein s'est considérablement amélioré. Même la plaque dure sur le côté semble plus souple. Le bras est occasionnellement douloureux, mais rien de comparable avec l'automne 2012 et l'hiver 2013.  Entre les traitements, la crème lymphdiaral et les vêtements de compression, j'ai investi plus de 700 $.

Si tout va bien, dans quelques mois nous pourrons espacer le drainage. Mais, il est fort probable que je sois confrontée à un dommage collatéral chronique. Un moindre mal quand je pense à l'année 2012.

... Et comme me le font remarquer des personnes aussi bien intentionnées que maladroites, je suis vivante.

C'est vrai. Merci de me le rappeler. Chaque jour dans la page nécrologique de mon journal, je vois les visages de femmes victimes du cancer.


Selon les dernières statistiques dévoilées aujourd'hui par la Société canadienne du cancer, cette année seulement, plus de 49 000 cas de cancer seront diagnostiqués au Québec et 20 000 personnes en mourront. (Source)

Avant que de me taire

J'ignore dans combien de jours je reviendrai naviguer sur Nordique du cancer. Il y a encore tant à dire. Et il y a aussi tant à vivre. Je suis en rémission. Tout est possible, le meilleur et le pire. J'y pense parfois. L'hormonothérapie et le lymphœdème brident mon envie d'ignorer le cancer jusqu'à l'annonce espérée, dans 4 ans, d'une guérison. Par contre je me sens bien. Je suis en très bonne forme physique et mentale.

Récemment j'ai dû prouver mon âge pour avoir le rabais réservé aux gens d'automne.

Oui, le combat mené en 2012 en valait la peine.

***

Lien utile :

http://pages.infinit.net/trh/lymphoedeme.html

mercredi 13 mars 2013

Mammographie et lymphœdème


Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite.

15 février 2013

Mammographie le 8 janvier 2013. Je saurai aujourd'hui si deux opérations, quatre séances de chimiothérapie et 20 traitements en radiothérapie ont eu raison du cancer invasif confirmé le 16 décembre 2011.

J'aurai aussi des questions à poser sur l'apparence d'un lymphœdème qui affecte mon bras gauche.

Un an de sursis

Le premier bilan est heureux. Si l'on en croit la lecture de la mammographie, rien à signaler. Éradiquées les traces du cancer invasif qui a pourri mon année 2012. Mon chirurgien est content. Faut-il interpréter cela comme un sursis d'une année, soit jusqu'à la prochaine mammographie? C'est ce que je fais. Il me faudra cinq années avant d'utiliser le terme rémission. Et peut-être plus, avant d'oser penser au mot guérison. Je m'interdis toute illusion.

Depuis la fin des traitements de radiothérapie, les effets secondaires persistent suffisamment pour me rappeler que je suis encore sur le champ de bataille. 

L'ennui redouté

Moins de huit jours après la mammographie, les écoulements ont cessé. Je m'en suis réjouie jusqu'à ce que la douleur revienne. Au début, je m'y suis résignée, accusant l'écrasement obligé (?) du sein lors de l'examen d'avoir blessé la tendre chair. « Cela va passer » ai-je pensé. Loin de là. Petit à petit, une masse dure est apparue sur le côté droit du sein. Rien à voir avec la cicatrice. Une seconde masse a envahit le bas. Une sensation de tiraillement s'est manifestée, non seulement dans le sein gauche de plus en plus lourd, mais aussi sous l'aisselle, pour s'étendre ensuite à l'épine de l'omoplate, puis au bras et finalement à l'avant bras.

La douleur n'a pas suffit à m'alarmer. Les écoulements, la masse dure au sein, la douleur à l'aisselle, tout cela avait été abordé lors de la visite médicale en octobre dernier. On entend tellement dire que les effets secondaires des traitements peuvent perdurer pendant des mois que l'on en vient à ne plus questionner, espérant seulement trouver le moyen d'apprivoiser le mal sans trop recourir aux médicaments. On devient patiente dans tous les sens du terme. 

Plus que la douleur, c'est le visuel qui m'a alertée. Un sillon profond à l'avant bras de plus en plus gonflé. Un poignet lisse au point d'en être suspect et la certitude d'un bras plus gros que l'autre, sans que cela ne soit vraiment évident pour tout observateur plus soucieux de ma rassurer que de donner raison à ma peur grandissante d'un lymphœdème.






Me sachant à une semaine d'un rendez-vous confirmé avec mon chirurgien, je n'ai pas téléphoné à mon infirmière pivot. Ce que j'aurais dû faire, me reproche le médecin, m'absolvant tout de même puisqu'elle n'aurait pu faire mieux que de m'obtenir un rendez-vous avec lui.

  - J'ai une peur bleue du lymphœdème, lui dis-je tandis qu'il examine attentivement sein et bras.
  - Pourquoi?
  - Parce que tout ce que je lis sur le lymphœdème ne me rassure pas.
  - Ça se traite, me rassure-t-il. Le vôtre est
  - Ah! donc, c'est bien ça? 
  - Le vôtre, reprend-il sans m'en vouloir de l'interrompre, est tout petit.
  - Mais il ne disparaîtra pas tout seul?
  - Non. Il faut le traiter.
  - Comment? 
  - Par un drainage. Je vais vous expliquer tantôt.
  - Et je n'aurai pas « le gros  bras »? Je ne le veux pas.
  
M'assurant que ce phénomène (le gros bras) demeure rare, le médecin se dit optimiste dans mon cas, certain que, incluant les exercices recommandés, je prendrai tous les moyens pour l'éviter. Il me signe une ordonnance pour un drainage lymphatique

Je le quitte mitigée. Je suis contente des résultats de la mammographie et de la perspective rassurante de le revoir dans quatre mois. Pourtant, je me sens laissée à moi même devant cette lymphe qui se heurte à mes cicatrices et au vide laissée par les 21 ganglions enlevés lors de l'opération. Une lymphe qui doit trouver sa route dans le labyrinthe de mon corps mutilé.

***


mercredi 16 janvier 2013

Un an de combat contre le cancer


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16 janvier 2013

Le souvenir est un phénomène parfois étrange. Il réactive un moment de vie passée auquel s’ajoute tout ce qui en a découlé par la suite. Le souvenir tente de s’immiscer dans le présent, tandis que ce même présent ne peut que tronquer ce souvenir par le cumul des événements subséquents. Heureusement, le récit écrit dans l’action lui redonne ses couleurs. Aujourd’hui, je me réjouis d’avoir pris le risque de Nordique du cancer. La lecture de ce parcours des douze derniers mois me permet, avec le recul, de prendre la mesure du combat livré.

J’espère la victoire. J’espère que les résultats de la mammographie subie le 8 janvier dernier – je dis bien subie car cet examen n’est pas une partie de plaisir – ouvrira grand les portes de l’optimisme. Dans 15 jours je devrais être fixée.

Il y a un an, le 16 janvier 2012, je me préparais à quitter la salle de réveil de l’hôpital de Chicoutimi, après une opération au sein gauche pour enlever de ce corps toutes cellules cancéreuses visibles. Je venais d’entamer, avec mes alliés de blanc vêtus, la première grande bataille contre l’invasion d’un tueur.

·  En moyenne, toutes les 11 minutes un Québécois (3 minutes au Canada) apprend qu'il est atteint d'un cancer. Toutes les 26 minutes, un Québécois (7,5 minutes au Canada) meurt d'un cancer. (Source : ici )

En 2012 :
•    On estime à 22 700 le nombre de femmes qui recevront un diagnostic de cancer du sein et à 5 100 le nombre de celles qui en mourront.
•    On estime également que 200 hommes recevront un diagnostic de cancer du sein et que 55 en mourront.
•    En moyenne, chaque jour, 14 Canadiennes mourront des suites de la maladie.
(source : ici)

Derrière la froideur des statistiques, il y a une réalité à laquelle on n’échappe pas. L’ennemi qui nous attaque frappe aussi des personnes aimées. Mon cœur s’est endeuillé plusieurs fois au cours de cette année. Et chaque mort me confrontait à ma propre vulnérabilité. Le taux de survie augmente bien sûr et cet espoir alimente notre force. Mais difficile d’oublier mes sœurs d’occasion, croisées dans les salles d’attentes, alors que certaines livraient leur seconde et parfois leur troisième guerre contre le cancer, alors que plusieurs en sont mortes.

Nul besoin de répéter tout ce que j’ai déjà raconté dans ces pages : l’année n’a pas été facile. Je m’étonne ravie de cette capacité d’oublier le pire pour vibrer surtout à la renaissance. Quand la douleur se tait, que l’énergie revient, quand l’enthousiasme peut déployer ses ailes et que toute la vie nous semble revenue, c’est l’euphorie.

Un an.

Il y a eu l’angoisse précédant le verdict. Il y a eu ce coup de massue quand le médecin confirme le danger redouté : cancer invasif. Il y a la rage de vaincre, la détermination à tout supporter si cela mène à la victoire. L’apprentissage de la douleur, de la fragilité, le corps ravagé par le poison salvateur. Il y a la laideur des plaies, l’orgueil blessé par le saccage physique : perte des cheveux, des ongles, des sourcils, des cils. Il y a les handicaps des yeux pleureurs, des œdèmes aux pieds, de la constante faiblesse. Puis survient, dans ce champs dévasté, une toute petite fleur de plaisir : une saveur inattendue dans la bouche, un frémissement de l’esprit à la capacité  de lire, un élan de tendresse dans l’abandon confiant d’un enfant dans nos bras, une fierté non retenue après quelques cents mètres d’un pas retrouvé. Une sensation de vivre la fièvre du printemps.

Chaque jour qui passe multiplie les retrouvailles, chaque mois consolide les acquis. C’est le temps de l’espoir.

Un an.
224 jours après le dernier traitement en chimiothérapie.
161 jours après le dernier traitement en radiothérapie.
121 jours d’hormonothérapie.
8 jours après la mammographie « post » opérations et traitements.
15 jours avant le verdict de ce premier bilan. 

Je ne me retourne sur cette année 2012 que pour mieux regarder devant moi. Je ne sais rien de demain. Mais il y a une chose que je sais, ce 16 janvier 2013 : que le cancer se le tienne pour dit, je suis prête à me battre encore.  

Un survol en photos de ma guerre : des images témoins

2011
Coupe préparatoire avant la chimio

Première séance de chimio
La chimio décoiffe

La chimio n'est pas une cure de rajeunissement
La chimio n'est pas sans colère


Tondue


Tondue, mais encore des sourcils

Entre deux séances de chimio

La repousse de l'automne, 16 septembre 2012


Décembre 2012. Les cheveux poussent mais pas les sourcils.

16 janvier 2013