En 2011 au Canada, on estime à 23 400 le nombre de femmes qui recevront un diagnostic de cancer du sein et à 5 100 le nombre de celles qui en mourront. En moyenne, chaque jour, 64 Canadiennes apprendront qu'elles sont atteintes du cancer du sein et 14 Canadiennes mourront des suites de la maladie. Une femme sur neuf risque d'avoir un cancer du sein au cours de sa vie. Une femme sur 29 en mourra. Le 16 décembre 2011, je suis devenue officiellement une des 23 400 femmes ayant un diagnostic de ce cancer. En 2021, on estime que 229 200 Canadiens recevront un diagnostic de cancer et que 84 600 décèderont du cancer.


dimanche 9 décembre 2012

Mieux qu’hier, moins que demain… j’espère


Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite.



Par la fenêtre de mon bureau - où paraît-il je suis « toujours » fait remarquer ma petite-fille Élika - je regardais les flocons atterrir sur le sol. Morceaux de silence qui tombent. Hier, j’avais l’impression d’une caresse sur mes yeux. 

Levée tôt ce dimanche 9 décembre, toujours de mon bureau, je regarde ce blanc couvrant les arbres et la terre. Je vois la neige. Je vois que je vois la neige. J’éprouve un frémissement, troublée que je suis d’être arrivée à ce décembre 2012.

Depuis octobre, j’ai franchi chaque journée avec fébrilité. Une sensation de renaissance à l’intérieur de ce corps qui poursuit son combat. Contre toute attente, j’ai une énergie folle qui me pousse à dépasser les limites raisonnables malgré les rappels à la sagesse de mon « protecteur » soucieux de me protéger contre mes excès. C’est l’automne. Doublement. Au calendrier de ma vie comme à celui de l’année. Qu’importe, je me sens printemps en plein automne. C’est mon « printomne ».

Ça va?

Qui me voit ne pose pas la question. C’est évident : ça va bien.

Au 191e jour post chimio, au 128e post radiothérapie, au 98e jour d’Arimidex, je réponds que le pire est derrière moi.

J’en arrive même à oublier cette sensation de gêne sous le bras gauche. Mon bras a retrouvé de la souplesse. En pleine extension, je ressens un léger tiraillement, mais pas de douleur. Le sein reprend sa forme, quoiqu’il demeure très dur à proximité de la cicatrice. Les écoulements mammaires se font plus rares et moins abondants. J’ose, la nuit seulement, ne plus utiliser les coussinets absorbants.

Quant à l’Arimidex, les effets secondaires appréhendés sont discrets. Depuis quelques jours, des élancements à la tête douloureux mais fugaces. Pas toujours du même côté. Des douleurs musculaires… mais serait-ce lié au temps humide plus qu’au médicament? Les bouffées de chaleur impromptues sont plus fréquentes qu’au début. Sans doute parce que mon taux d’œstrogènes diminue. Ce qui est le but. Pour la fatigue, je la dois sûrement plus à mes excès d’enthousiasme dans mes activités, tant physiques qu’intellectuelles, qu’à l’hormonothérapie. Et c’est tant mieux! Car j’ai encore 1727 pilules à avaler en autant de jours. Par contre, quand la fatigue survient, c’est soudain et brutal.

Parmi les effets secondaires persistants, consécutifs à la chimiothérapie, le plus insupportable demeurent les larmes qui affectent mon œil gauche. J’ai trouvé ici   « Quelques petits trucs pour essayer d’écourter cette petite blague, souvent totalement ignorée par nos toubibs sous prétexte « qu’elle passe » », écrit Hélène Bénardeau, auteure d’un blogue où elle partage sa propre expérience.

Affronter le regard
Les ongles auront bientôt retrouvé leur longueur. Fragiles cependant, ils se dédoublent peut-être encore mais reprennent un ton rosé plus régulier. Le plus désagréable est la sensation de sécheresse au bout des doigts et une perte de sensibilité au toucher, comme s’ils avaient été brûlés par le gel. Le bras droit conserve, hélas!, les vilaines taches, conséquence du taxotère infiltré  sous la peau lors des traitements.

La peau du visage est encore sous le choc. Les rides autour des yeux sont très prononcées et la peau aussi fragile que des ailes de papillons. J’en prends soin et espère. Le corps ne peut pas tout reconstruire en même temps. La patience est requise. Je dois laisser le temps au temps.

Les cils sont de retour. Noirs œil droit. Blonds œil gauche. Un moindre mal. Les sourcils sont timides. Les cheveux approchent les trois centimètres dans des tons allant de la neige au charbon.

Chacun y va de son commentaire :

-    Ça te change.
-    Ça te va bien.
-    Ça te rajeunit.


Pour le changement, je le crois volontiers. De chevelure brune bouclée à crâne nu, le changement était remarquable. De crâne nu à repousse cendrée de trois centimètres le changement est remarqué. Et donc, quand on compare, oui ça me va bien mieux que la tête d’œuf du dernier été. Pour le rajeunissement, mon miroir est moins gentil. Lui, il ne loupe pas les sourcils manquants dont la repousse clairsemée ne permet pas même de tricher en quelques coups de crayons. 

Ça ne paraît pas que tu n’as pas de sourcils, disent les gentilles personnes.
-  Ah! Non??  Pourtant….

 Moi, mes sourcils, je les vois qui me narguent : Ose encore nous épiler, me lancent-ils dans le miroir, sachant que, peu nombreux, chacun d’eux m’est devenu précieux.

Enfin, tout aussi implacables, miroir et photos récentes attestent que la teinte poivre et sel de ma tête ne me convient pas vraiment.  Ma décision est prise et je me réjouis de retrouver Clément, mon musicien coiffeur.

Incognito

J’apprivoise, mais tout doucement, les sorties en public. Je passe incognito. On ne me reconnaît plus, même parmi des proches. Ce n’est que par ma voix que le visage s’éclaire soudain :

-    Ah!! Christiane?! Je ne t’avais pas reconnue.
-    Oui, une coupe cancer ça change une femme.

La palme de la meilleure réplique revient à mon amour de petite-fille. Lovée contre moi, peu avant d'aller dormir, Élika (5 ans) caresse mes courts cheveux dont la repousse éloigne de moi le pénible souvenir de mon crâne nu.

Elle dit :


- Ils sont tout doux.


Puis se redressant, elle me regarde, l'expression très sérieuse, intense, et elle ajoute :

-    Quand je t'ai connue je te reconnaissais. Maintenant, je ne te reconnais plus.
-    C'est vrai, je n'ai plus la même tête. Et je lui confie : tu sais, je croise des amis qui ne me reconnaissent pas non plus.
-    Mais moi je t'aime.
-    ...  

Je suis sans mot, émue, consolée.

Ma belle Élika
© Photo Andrée-Anne Lachaine






jeudi 25 octobre 2012

Joie et peur se côtoient



Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite. 

La joie

J’investis toute mon énergie dans ma reconstruction. Chaque habileté reconquise me réjouit et me stimule à exiger davantage. 

- Tu es rayonnante, me dit mon fils dont le regard plein de tendresse me semble légèrement admiratif. Après lui, d’autres le diront et j’en aurai grand plaisir.


Moment heureux avec Isyëv - 15 septembre 2012

Le 28 juillet, j’ai recommencé à lire, malgré mes yeux larmoyants. Ce fut une page, puis plusieurs. Au bout d’une semaine je retrouvais ma cadence. À la mi-septembre, la table du salon était jonchée des livres dévorés. Un peu de tout : suspense, policier, romans historiques, histoire. J’ai particulièrement aimé Éva de Lucie Page, L’île sous la mer d’Isabel Allende, Charleston Sud de Pat Conroy. 

Le 7 août, je récupérais Max,  ma voiture délaissée faute de pouvoir conduire. Pour la reprise du volant, je me suis grisée des 30 kilomètres entre la Maison heureuse et mon Refuge du fjord. Puis j’ai savouré le simple fait de cette indépendance qui consiste à pouvoir aller et venir d’un lieu éloigné à un autre sans dépendre de qui que ce soit.

Le 20 août,  bien chaussée, bâton de marche en main, je franchissais mes premiers 500 mètres de côte, sachant aller plus loin tous les jours suivants. Début septembre je grimpais facilement mon premier kilomètre. Le 16 du même mois, j’atteignais mes 3,4 kilomètres.

Moins amusant et cependant significatif de cette reconstruction physique, se sont ajoutées les tâches ménagères : ménage, lavage, rangement, cuisine.

Tout cela  peut paraître bien anodin. Et pourtant, quand je pense à ces mois péniblement vécus, entre le lit et le fauteuil, terrassée par la douleur et les effets insupportables de la chimiothérapie, tout cela c’est vivre.

Je lis beaucoup de témoignages sur différents forums. Des femmes souffrent, s’inquiètent, se désolent, se révoltent. Il y a de tout : optimisme, colère, sentiment d’impuissance, résignation, combativité, courage, impatience. Et cela peut durer longtemps. Les douleurs subsistent malgré les années. Le cancer du sein laisse des traces psychologiques et physiques. Alors, pas question de pavoiser. La joie, lors de chaque étape de ma reconstruction, compense l'inconfort des blessures et la peur qui rôde quand se manifeste des symptômes inconnus.

La peur

Dans l’orgueil de mes escalades de plus en plus osées je me suis risqué à grimper le flanc ouest de ma montagne. Au 122e jour après la chimio, au 67e jour post radiothérapie et au 37e jour d’Arimidex, la tentation est grande de démontrer que rien ne m’arrêtera. Quelques heures plus tard, j’avoue que mon bras gauche me fait mal.

 Pourquoi m’inquiéter? Le repos fera son œuvre.

Certes, il n’y a pas encore eu de véritables répits à l’inconfort des cicatrices, aux élancements semblables à des coups de couteau ou, plus tolérables, aux fourmillements électriques rappelant la radiothérapie. 

Mais du 1er au 09 octobre le sein gauche devient très douloureux, chaud, gonflé et dur. Douleur permanente et non élancement.  Sensation que l’on tire sur les muscles à vouloir les arracher. Un mal si fort que les analgésiques ne soulagent pas. Seule la morphine (5 mg aux 6 heures) parvient à la rendre supportable.

Nuit du 8 au 9 octobre : réveillée par une douleur foudroyante. Je vois naître le jour.  Quand je me lève, ma robe de nuit et mon drap sont humides.  Je pense avoir renversé de l’eau en prenant un analgésique vers 4 h 30 du matin.

Journée du 9, je constate que mon maillot de corps est humide et taché. Je crois avoir été trop généreuse avec l’huile d’amande douce et crème aveeno.

Journée du 10 octobre. Pas mis de crème. Chemisette humide. Cette fois, je ne doute plus que le liquide vienne de mon sein. Je me fais un coussinet  de papiers mouchoirs. Très imbibé en peu de temps par un liquide jaunâtre. En soirée, je perçois franchement l’écoulement provenant du mamelon. Qu’est-ce encore?

Recherche vaine sur Internet concernant ce symptôme post radiologie.  Sur les mots écoulement mammaire, 105 000 résultats. Si je précise post opération cancer ou post radiologie, j’atteins 376 000 résultats.  Après des pages et des pages de lectures, je n’ai pas de réponse sur mon cas. Pas plus sur le site de la Société canadienne du cancer. Pas davantage sur les forums. Dois-je ou non m’inquiéter? La raison ne peut pas grand-chose contre l’émotion et la peur que surgisse une nouvelle complication.

Alors que mon inquiétude grandit, mon sein, lui, à légèrement dégonflé;  il est aussi moins douloureux.

Matin du 11 octobre, je constate que l’écoulement a encore eu lieu dans la nuit. Le sein est sensible, mais la grande douleur est partie.  Le sein est moins dur et la peau fraîche. Cependant, je choisis quand même de téléphoner à mon infirmière pivot en oncologie. Il est 9h30, je laisse un message. Ariane me rappelle vers 10 h. Je décris de qui se passe depuis onze jours. 

Le phénomène n’est pas habituel, concède-t-elle. Elle croit plus prudent que je sois examinée par mon médecin chirurgien ou, à défaut, en clinique externe du cancer du sein, ouverte sans rendez-vous le mercredi. Elle va trouver une solution promet-elle. Sa sollicitude me fait du bien. À 10 h 15, Ariane appelle de nouveau. Elle a réussi à m’obtenir un rendez-vous avec Patrick, pour mardi 16 octobre.

- Mais, d’ici là, si le sein devient enflé, rouge et chaud, même sans température, allez à l’urgence, car cela peut être une infection, insiste-t-elle.

On ne badine pas avec les infections quand il y a cancer du sein. Plusieurs battantes de mon groupe l’ont appris avec angoisse lors d’épisode de septicémie, ce à quoi j’ai heureusement échappé. 

Cinq jours d’attente. Bonjour l’angoisse. Si rationnelle que je puisse être, avec un soupçon de fatalisme (ne pas confondre avec résignation), je ne parviens pas à toujours occulter cette peur que tout recommence. Plusieurs expériences antérieures, d’un autre ordre que le cancer mais non moins graves, ont laissé des séquelles, sorte de chocs post-traumatiques qui me gardent en état d’alerte permanent et vulnérable à l’angoisse. Je contrôle relativement bien tout cela, mais impossible de ne pas penser que, oui, certaines femmes sont frappées plus d’une fois par un cancer. Et si le taux de survie est élevé, il y a tout de même des victimes.

Bien sûr, en ce moment je n’imagine pas le pire. Je me limite à la possibilité d’une simple infection. Laquelle peut guérir par les défenses de mon corps ou sinon, peut-être avec l’aide de médicaments dont décidera mon chirurgien. Une fois de plus, je prends note de l’importance, tant psychologique que médicale, de l’accès à l’écoute attentive et compétente d’une infirmière pivot. Je ne suis pas seule dans ce combat, mais entourée, réconfortée et soutenue. En moins de dix ans, confrontée pour la seconde fois au cancer, je mesure les progrès apportés à notre système médical. Je découvre la qualité humaine de notre personnel en soins de la santé.

Il m’arrive très souvent de penser à l’équipe du Centre d’hémato-oncologie. Pas plus que je n’oublie la très grande gentillesse et l’accueil plein de chaleur de mes jeunes techniciens en radiothérapie. Je pense à eux avec reconnaissance et le fol espoir qu’ils fassent partie d’un passé révolu.

Savoir enfin!

Impatiente de rencontrer mon médecin, j’observe le nombre de personnes arrivées avant moi dans la salle d’attente de la clinique. L’inquiétude domine sur les visages. Je tente de mesurer le désarroi, d’imaginer l’espoir, la peur. La porte du bureau s’ouvre soudain. Une dame en sort tout sourire : ce n’est pas un cancer, lance-t-elle triomphante à la personne qui l’attendait. Je lui souris, heureuse pour elle. Je refais mon propre scénario : la mammographie, le rappel, l’échographie, la biopsie, l’opération de la masse identifiée…  et l’attente des résultats de l’examen des tissus enlevés. L’appel de la secrétaire du chirurgien, le rendez-vous pour entendre le verdict.

Je laisse ma pensée s’accrocher à ce sourire heureux, jusqu’à ce que ce soit mon tour d’entrer dans le bureau où je ne devais revenir qu’en janvier, pour les résultats de la mammographie prévue quelques mois après les traitements.

La rencontre sera brève. J’explique. Il m'examine. 

Tout en manifestant son étonnement devant l’absence d’information sur ce symptôme, il assure que cela n’a rien d’inquiétant. C’est une inflammation. Le corps remplit le vide par un liquide. Le liquide a trouvé une voie de sortie par le mamelon.   

Dois-je tenir compte de mes escalades?  Si la prudence et la modération sont souhaitables, la mise en forme et l’activité physique le sont tout autant. 

- Et cela est possible après tant de mois après l’opération.
- Avec vous tout est possible, taquine-t-il.
- Cela peut durer longtemps?
- Six mois… un an. Écoutez,  votre sein a subi deux  opérations, puis  20 séances de radiothérapie. Il a été agressé. Il lui faut du temps pour guérir. Cet écoulement n’est pas inquiétant. C’est surtout dérangeant pour vous.

À mon tour je suis sortie du bureau tout sourire.

Aujourd’hui, au 146e jour après la chimio, au 91e jour post radiothérapie et au 61e jour d’Arimidex, ce petit inconvénient s’ajoute à ce qui persiste de ce combat contre le cancer : les ongles tombés, les sourcils qui tardent à pousser, l’inconfort des cicatrices, les larmes intempestives de l’œil gauche, les douleurs musculaires, les petites bouffées de chaleur nocturnes, l’insomnie occasionnelle, la fatigue soudaine. 

Peu importe, car  j’aime me réveiller le matin, impatiente de vivre ce nouveau jour et découvrir les plaisirs qui en surgiront. J’aime m’endormir la nuit, heureuse de ce jour vécu. Vivre.

***

dimanche 7 octobre 2012

Radiothérapie, difficile de l'oublier

Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite. 


La douleur s'impose encore. J'en suis au 128e jour post chimio, 73e post radiothérapie, 43e jour d'Arimidex. J'ai des jours fastes, où pleine d'énergie j'ambitionne peut-être. Et la douleur, telle un  gardien de prison, m'impose des limites que je tolère mal.

De légères douleurs musculaires, une nuque sensible, à peine quelques bouffées de chaleur et une belle énergie me permettaient de croire que l'Arimidex était très tolérable. Je le pense toujours et espère que cela va continuer ainsi.

Mon erreur? Oublier que le bras gauche demeure vulnérable et doit donc être ménagé. Que le sein gauche a subi deux opérations, ce qui complique et retarde sa guérison. Que les symptômes de la radiothérapie peuvent se manifester de nombreux mois après le dernier traitement (entre 6 et 12, parfois plus). Chaque cas est unique, dois-je me répéter. Je ne suis pas une statistique, ni une moyenne. Je suis moi, avec ses propres effets secondaires, ses propres réactions et ses limites.

Et fière de mes marches répétées, en chemin très pentu, de 3,4 km minimum, je me suis permis d'aller plus haut, plus loin, en escalade, armée de mes deux bâtons de marche pour m'aider à grimper ma montagne à travers une forêt touffue. Au retour, j'ai senti que mon bras gauche avait été trop sollicité. Il s'en remettra, me suis-je dit, sans plus d'égard pour les tiraillements insistants, ce dimanche du 30 septembre dernier.

J'ai manifesté la même indifférence le lendemain, convaincue que le temps jouait en ma faveur. Le 2 octobre, le sein gauche dur et tellement enflé, brûlant et douloureux, j'ai quand même attendu la soirée pour chercher un peu de soulagement dans la morphine (5mg). Le lendemain, je résiste encore à prendre des anti-douleur, cherchant plus que tout à sauvegarder mon esprit éveillé. Le 4 octobre, j'arracherais mon sein si je savais cela capable de calmer le mal si grand que j'en ai des nausées, un violent mal de tête, une sensation de fatigue intense et peu d'appétit. Enfin! je déclare forfait et entreprends une médication systématique aux quatre heures. En fin d'après-midi, je retrouve le sourire et prends la résolution d'écouter la douleur et de la combattre. 

Aujourd'hui, trois jours plus tard de traitement intensif, je peux espacer la prise des analgésiques. Je retrouve, presqu'avec plaisir, les élancements fugitifs mais fulgurants semblables à des coups d'aiguille. 

Pourquoi ne pas être plus sage? Pourquoi chercher constamment à dépasser les limites? Pourquoi tant d'hésitation à prendre des anti-douleur? Parce que... 

Voilà dix mois que je vis avec le diagnostic du cancer, ses traitements et leurs conséquences. Je n'aspire qu'à une chose : que cela cesse. Que vienne la fin du mal, des souvenirs de ce qu'ont été mon printemps et mon été, que je puisse saisir à bras le corps ma vie en reconstruction. Même si je ne saurai que dans plusieurs mois si j'ai gagné la dernière bataille, même si je ne saurai que dans cinq ans si j'ai gagné la guerre, c'est aujourd'hui qu'il m'importe de vivre pleinement.

Je sais, mon enthousiasme est un allié. Mon impatience est une tentation à laquelle je ne dois pas céder. Ma raison sait. Le marin que je suis dans toutes les fibres de mon âme ne veut entendre que le chant du vent dans les voiles... et rejoindre Ulysse au pays des sirènes.



 

mercredi 12 septembre 2012

Opération, chimio, radiothérapie, hormonothérapie et patience

Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite. 


Vivre avec la douleur. J'en suis au 102e jour post chimio, 48e post radiothérapie, 18e jour d'Arimidex.

Il y a de soleil sur mon fjord, les branches des pommetiers plient sous le poids des petites pommes rouges dont raffole l'ours qui nous voisine, les bouleaux se transforment en arbres d'or et les érables en rougissent de plaisir. De la terrasse j'observe tout cela, comme un oiseau juché sur le bord du nid, tiraillé par le désir d'ouvrir ses ailes et pourtant les gardant collées au corps, étourdie que je suis de ma rencontre, hier, avec mon chirurgien.

Pas de mauvaises nouvelles. Pas de bonnes nouvelles. 

Après deux opérations au sein gauche en janvier et février, après 4 séances de chimiothérapie du 28 mars au 28 juin, après 20 traitements en radiothérapie du 22 juin au 23 juillet, j'ai entrepris la première des cinq années d'hormonothérapie le 26 août. Mon leitmotiv demeure « un jour à la fois ». Je m'y accroche afin de ne pas succomber à la tentation d'une humeur sombre quand les limites s'imposent : le bras gauche qui n'a plus sa souplesse ni sa force, le sein sujet à l’inflammation, dont la dureté et la sensibilité s'accompagnent d'une douleur permanente, la sensation que l'on arrache les muscles de la nuque et du bras. J'accepte plus facilement la perte de mes ongles - 8 aux pieds et 6 en perdition aux main dont la chute dénude le bout des doigts sans défense contre le moindre petit choc. 

Le temps répare déjà bien des assauts physiques. Je peux affronter beaucoup avec la certitude d'avancer vers une guérison voulue ardemment. J'y crois. Même si le médecin a manifesté une grande prudence hier devant l'insistance de mes questions.

- Aujourd'hui vous allez bien. Vous allez très bien. 
- Oui, mais quand saura-t-on que c'est gagné?
- ... (il a levé les cinq doigts de la main)
- Cinq ans?

Un premier bilan sera possible en janvier, lors d'une mammographie redoutée, anticipant la douleur assurée.

- Pas possible d'éviter le sein écrasé?
- C'est le moyen le plus sûr pour détecter une masse très petite. 

Je compte bien fouiller encore le sujet, me disant que pour confirmer une mammographie suspecte on est soumis à une échographie. 

Il ne doute pas que je vais faire des recherches. Il connaît déjà toute mon enquête sur les protéines et le calcium et chacun des médicaments prescrits. Il a souri, mais en me donnant raison tout de même, sur mon souci de ne pas prendre une surdose de calcium au su de mon alimentation. Je traque les informations nutritionnelles de tout ce qui j'absorbe. Je pèse et je compte... et modifie ma consommation en conséquence avec des résultats positifs.

Regrettait-il de ne pas me donner la réponse voulue concernant la douleur. Mon chirurgien ne peut rien prédire. Chez certaines patientes, pas de douleur. Chez d'autres, elle s'atténue dans les six mois après la fin des traitements. Mais pour certaines femmes, la douleur s'installe pour la vie et elles s'abonnent aux anti-douleur et anti-inflammatoire. Pourquoi? 

Pas question de me résigner.




 

samedi 25 août 2012

Hormothérapie, rappel quotidien



Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite. 

Un jour à la fois. J'en suis au 85e jour de l'après dernier traitement de chimiothérapie. Au 32e jour post radiothérapie. À la veille d'amorcer cinq années de l'hormonothérapie (anti-oestrogène) où l'absorption quotidienne de l'Arimidex sera le rappel incessant de la menace permanente du cancer.

Le temps s'est embrouillé dans ma tête, lors de mon dernier billet : ce n'est que le 11 septembre que je rencontre mon chirurgien pour le suivi prévu et non pas le 11 août comme annoncé. Heureusement, mardi 21 août, j'ai été chaleureusement accueillie par mon médecin de famille, lequel a toute ma confiance. 

Au cours des dernières semaines, afin de mieux interpréter tous les signes qui pourraient surgir lors du traitement, je me suis mise sous observation. Le but, bien  identifier les symptômes présents pour les distinguer des effets secondaires subséquents à la prise de l'Arimidex. J'ai déjà des moments de fatigue soudaine, des douleurs musculaires sporadiques et autres petits ennuis consécutifs à la chimio et la radiothérapie. Effets qui dureront encore quelques mois, assure mon médecin. Donc pas de panique, ne pas tout mettre sur le dos de l'Arimidex.

J'ai également noté, pesé et examiné tout ce que je consomme pour en retenir le nombres de calories, ainsi que la quantité de protéines et de calcium ingérés. Il me faut 60 gr de protéines par jour et 1200 mg de calcium. Je tente aussi de maintenir les calories entre 1200 et 1500 maximum. Ma moyenne sur 20 jours a été de 1340 calories, de 64 gr de protéines et de 700 mg de calcium. Ces résultats confirment que je parviens à combler mon déficit en protéines et donc éliminer le problème d’œdème aux pieds et chevilles (du moins il y a une nette amélioration). Par contre, il démontre que le supplément de calcium recommandé par l'oncologue est à envisager. La dose prescrite était de 1000 mg. Avec l'assentiment de mon médecin de famille, je fais un compromis et m'en tiendrai à 500 mg, ce qui maintiendra mon taux à 1200 mg ou plus. Le risque d'excès sera moins grand et peut-être aussi les effets secondaires dont la constipation n'est pas le plus déplaisant. On réévaluera la situation quand j'aurai les résultats de l'ostéodensitométrie; examen que je passerai sans doute en décembre, compte tenu que le délai d'attente pour la densitométrie osseuse à l'hôpital de Chicoutimi est de six à neuf mois. Concernant le calcium, les études ne font pas l'unanimité selon les continents. Ici, le guide canadien recommande pour mon groupe d'âge 1200 mg alors que les pays européens se limitent à 800 mg. Ce qui est important,rétorque mon médecin, c'est de ne pas négliger l'apport de la vitamine D. 

Il me faudrait aussi soumettre à ma vigilance le magnésium et le fer. Je vais, dans l'immédiat, me contenter des résultats de mes prises de sang et plus encore aux confidences de mon corps.

Voilà... je suis prête pour prendre avec détermination le sentier de l'hormonothérapie. Gaétan a su me rassurer sur les effets majeurs possibles qui m'inquiètent le plus, thrombose et problème hépatique, considérant mon propre état de santé et des statistiques rassurantes. Par contre, il m'assure que je n'échapperai pas à la fatigue et autres petits ennuis apparentés à la ménopause. Le défi : ne pas succomber à la tentation de se laisser aller mais plutôt combattre les effets. Ma nature guerrière me sera encore utile.

Pourquoi je commence demain? Parce que je veux profiter d'une Veuve Clicquot qu'un ami très cher m'apporte aujourd'hui pour célébrer l'armistice. Évitant ainsi le risqué mariage entre médication et alcool.

18h35 : plaisir accompli. Les bulles de Veuve clicquot se sont éparpillées dans les flûtes pour ma joie partagée avec des personnes aimées. Un bouquet d'iris prolongera le souvenir de cet après-midi joyeux. Demain sera fait d'autres plaisirs. Vivre un jour à la fois.


Veuve Clicquot et bouquet d'iris pour célébrer l'armistice
Merci Jerry. 




samedi 11 août 2012

Hormothérapie au menu


Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite. 

Le temps fait son œuvre. Je retrouve mes élans, une certaine énergie et la capacité d'une vie active. Mon corps se reconstruit.

Si je fais un bref bilan, les douleurs physiques s'estompent. L’œdème aux pieds et chevilles a considérablement diminué. Je me lève les chevilles fines et termine la soirée avec une enflure de moins en moins spectaculaire. La chasse aux protéines semble efficace, confirmant le diagnostic du radio-oncologue. 

Autre signe du mieux être : je lis. Que dis-je, je dévore des pages et des pages de livres. Mon quatrième depuis dix jours. Une boulimique qui retrouve enfin des mots à se mettre sous les yeux. Des yeux encore pleureurs, surtout le gauche. Mais là aussi, au 71e jour après la quatrième séance de chimiothérapie et au 17e du dernier traitement en radiothérapie, les larmes se résorbent. Ce n'est pas faute de chagrin, car en moins d'une semaine je suis en deuil de plusieurs sœurs de combat et appréhende la mort annoncée d'amis et anciens collègues. Le cancer tue.

Les cheveux poussent droits sur le crâne qui s'assombrit. Trop tôt pour deviner s'ils seront bouclés. Les cils commencent à paraître et les sourcils ne sont encore que l'ombre d'un duvet blond. Sans doute devrais-je vivre désormais avec cette sensation désagréable d'avoir un morceau de bois sous l'aisselle gauche. Je persévère dans les exercices d'assouplissement et d'étirement pour contrer l'effet de resserrement de la cicatrice que je cajole avec crème et huile d'amande douce. Quant au sein gauche, si abîmé par les rayons, il a cessé de brûler depuis quelques jours et, hier, pour la premier fois depuis des mois, je n'ai pas eu un seul élancement douloureux... comme une morsure ou plusieurs coups d'aiguille qui furent particulièrement intenses la fin de semaine dernière. Par contre, les ongles... un vrai désastre! Deux de perdus aux orteils. Le pouce droit ne tient qu'avec pansement. Cinq autres en perdition, bosselés, jaunâtre et dangereusement soulevés, rendant toute manipulation assez ardue, voire maladroite.
 
Mardi 7 août, avait lieu ma rencontre post traitements avec le Dr Jean-Luc Houde, mon oncologue de la chimiothérapie qui poursuit le combat par un traitement d'hormonothérapie qui durera cinq ans. Ce traitement est prescrit dans le cas de cancer hormonodépendant, ce qui est mon cas puisque mon cancer est de type RE positif. 

«Si votre cancer est diagnostiqué «RE positif» ou «RE négatif». «RE» veut dire récepteur d'œstrogènes. Il s'agit d'un récepteur, ou d'un «site d'arrimage», auquel l'œstrogène peut se fixer. Si une tumeur contient ces récepteurs (cancer RE positif), cela signifie que les hormones naturelles de votre corps peuvent avoir un effet sur la croissance du cancer. Cela influence le type de traitement recommandé dans votre cas. » (source: ici)

Le médicament prescrit par mon oncologue est l'Arimidex. Ses effets secondaires sont nombreux et s'apparentent à ceux ressentis lors de la ménopause : bouffées de chaleur, fatigue inhabituelle, vomissements, maux de tête, diarrhée, douleurs articulaires, etc jusqu'à 24 parmi les plus fréquent, nommés sur ce lien. Je suis tout de même contente de lire : Au moins 1 % des personnes prenant ce médicament ont signalé les effets secondaires ci-après. Un grand nombre de ces effets secondaires peuvent être pris en charge et quelques-uns peuvent disparaître d'eux-mêmes avec le temps.

Mon oncologue se soucie également de l'impact de ce traitement sur la densité de mes os. En attente d'un examen de densitométrie osseuse ou ostéodensitométrie depuis mars à l'hôpital de Chicoutimi afin de voir si je fais ou non de l'ostéoporose, il me prescrit tout de même 1000 mg de calcium par jour. Là je m'interroge. Ce supplément de calcium m'est prescrit sans évaluation de ma consommation quotidienne via mon alimentation. Combien de mg de calcium devons-nous consommer par jour? Selon mes recherches, la quantité varie selon l'âge, le sexe et autres circonstances. Disons que je devrais absorber 1200 mg par jour selon le site canadien santedesos.ca. Admettons que je parvienne à une moyenne quotidienne de 800 mg compte tenu des produits laitiers (yogourt grec, fromage, lait, etc) font partie de mon alimentation de base, si j'ajoute le supplément de 1000 mg est-il possible que 1800 mg par jour de calcium soit excessif? Et quelles en sont les conséquences?  Selon une étude de  l'Institute of Medicine (IOM), commandée par le Canada et les États-Unis « Les femmes ménopausées qui prennent des suppléments s‘exposent à des calculs rénaux dus à excès de calcium. Une surdose pourrait augmenter les risques de maladies cardio-vasculaires, toujours selon l’IOM. » (source)

Depuis mardi, les questions m'assaillent. Je commence à me sentir tellement mieux, après tant de mois difficiles. J'hésite à replonger dans les effets secondaires indésirables. Et pourtant, tous mes alliés l'affirment: cette autre étape accroît mes chances d'éviter un nouveau cancer... ou le même. Mercredi 11 août je rencontre celui qui assurera le suivi aux trois mois, mon chirurgien Patrick Trudeau. J'attends qu'il me rassure et me convainque que les inconvénients en vaudront la peine. Le hic, c'est que l'anti-oestrogène accroît les risques de thrombose et d'embolie pulmonaire, me prévient le Dr Houde.

Quand je consulte les différents forums où se confient de nombreuses guerrières je constate, une fois de plus, combien nous sommes toutes différentes. Chacune doit finalement trouver sa propre voie, sa propre voix aussi et suivre son instinct. Le mien me dit de profiter encore quelques jours de cet état de bien-être à peine retrouvé et, puisque je veux tout faire pour gagner cette guerre une fois pour toute, d'affronter les cinq prochaines années en me disant, si les effets secondaires se manifestent, que cela ne sera jamais comme la chimiothérapie.

Autre plaisir : conduire ma voiture.  Mon état de grande faiblesse et les effets des médicaments exigeaient la prudence. Je n'ai pas touché au volant pendant des mois, jusqu'à ce dernier mardi 7 août.

Les plaisirs surpassent les déplaisirs. Je savoure au rythme de mon pas, plus lent peut-être,  qui me conduit maintenant au-delà du petit pont du ruisseau Xavier du chemin de la montagne, tiers de mon parcours ciblé qui me mènera au sommet... dans moins d'une semaine, je l'espère. Après, je voudrai plus encore. Pour commémorer l'anniversaire de l'armistice annoncée, je veux vivre avec mes enfants le voyage qui me conduira en un des rares lieux du Québec où je ne suis pas encore allé, les Îles de la Madeleine. Ma couronne de laurier pour 2013.

L'hormonothérapie au menu

Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite. 

Le temps fait son œuvre. Je retrouve mes élans, une certaine énergie et la capacité d'une vie active. Mon corps se reconstruit.

Si je fais un bref bilan, les douleurs physiques s'estompent. L’œdème aux pieds et chevilles a considérablement diminué. Je me lève les chevilles fines et termine la soirée avec une enflure de moins en moins spectaculaire. La chasse aux protéines semble efficace, confirmant le diagnostic du radio-oncologue. 

Autre signe du mieux être : je lis. Que dis-je, je dévore des pages et des pages de livres. Mon quatrième depuis dix jours. Une boulimique qui retrouve enfin des mots à se mettre sous les yeux. Des yeux encore pleureurs, surtout le gauche. Mais là aussi, au 71 e jour après la quatrième séance de chimiothérapie et au 17e du dernier traitement en radiothérapie, les larmes se résorbent. Ce n'est pas faute de chagrin, car en moins d'une semaine je suis en deuil de plusieurs sœurs de combat et appréhende la mort annoncée d'amis et anciens collègues. Le cancer tue.

Les cheveux poussent droits sur le crâne qui s'assombrit. Trop tôt pour deviner s'ils seront bouclés. Les cils commencent à paraître et les sourcils ne sont encore que l'ombre d'un duvet blond. Sans doute devrais-je vivre désormais avec cette sensation désagréable d'avoir un morceau de bois sous l'aisselle gauche. Je persévère dans les exercices d'assouplissement et d'étirement pour contrer l'effet de resserrement de la cicatrice que je cajole avec crème et huile d'amande douce. Quant au sein gauche, si abîmé par les rayons, il a cessé de brûler depuis quelques jours et, hier, pour la premier fois depuis des mois, je n'ai pas eu un seul élancement douloureux... comme une morsure ou plusieurs coups d'aiguille qui furent particulièrement intenses la fin de semaine dernière. 
 
Mardi 7 août, avait lieu ma rencontre post traitements avec le Dr Jean-Luc Houde, mon oncologue de la chimiothérapie qui poursuit le combat par un traitement d'hormonothérapie qui durera cinq ans. Ce traitement est prescrit dans le cas de cancer hormonodépendant, ce qui est mon cas puisque mon cancer est de type RE positif. 

«Si votre cancer est diagnostiqué «RE positif» ou «RE négatif». «RE» veut dire récepteur d'œstrogènes. Il s'agit d'un récepteur, ou d'un «site d'arrimage», auquel l'œstrogène peut se fixer. Si une tumeur contient ces récepteurs (cancer RE positif), cela signifie que les hormones naturelles de votre corps peuvent avoir un effet sur la croissance du cancer. Cela influence le type de traitement recommandé dans votre cas. » (source: ici)
Le médicament prescrit par mon oncologue est l'Arimidex. Ses effets secondaires sont nombreux et s'apparentent à ceux ressentis lors de la ménopause : bouffées de chaleur, fatigue inhabituelle, vomissements, maux de tête, diarrhée, douleurs articulaires, etc jusqu'à 24 parmi les plus fréquent, nommés sur ce lien. Je suis tout de même contente de lire : Au moins 1 % des personnes prenant ce médicament ont signalé les effets secondaires ci-après. Un grand nombre de ces effets secondaires peuvent être pris en charge et quelques-uns peuvent disparaître d'eux-mêmes avec le temps.

Mon oncologue se soucie également de l'impact de ce traitement sur la densité de mes os. En attente d'un examen de densitométrie osseuse ou ostéodensitométrie depuis mars à l'hôpital de Chicoutimi afin de voir si je fais ou non de l'ostéoporose, il me prescrit tout de même 1000mg de calcium par jour. Là je m'interroge. Ce supplément de calcium m'est prescrit sans évaluation de ma consommation quotidienne via mon alimentation. Combien de mg de calcium devons-nous consommer par jour? Selon mes recherches, la quantité varie selon l'âge, le sexe et autres circonstances. Disons que je devrais absorber 1200mg par jour selon le site canadien santedesos.ca. Admettons que je parvienne à une moyenne quotidienne de 800 mg compte tenu des produits laitiers (yogourt grec, fromage, lait, etc) font partie de mon alimentation de base, si j'ajoute le supplément de 1000 mg est-il possible que 1800 mg par jour de calcium soit excessif? Et quelles en sont les conséquences?  Selon une étude de  l'Institute of Medicine (IOM), commandée par le Canada et les États-Unis « Les femmes ménopausées qui prennent des suppléments s‘exposent à des calculs rénaux dus à excès de calcium. Une surdose pourrait augmenter les risques de maladies cardio-vasculaires, toujours selon l’IOM. » (source)

Depuis mardi, les questions m'assaillent. Je commence à me sentir tellement mieux, après tant de mois difficiles. J'hésite à replonger dans les effets secondaires indésirables. Et pourtant, tous mes alliés l'affirment: cette autre étape accroît mes chances d'éviter un nouveau cancer... ou le même. Mercredi 11 août je rencontre celui qui assurera le suivi aux trois mois, mon chirurgien Patrick Trudeau. J'attends qu'il me rassure et me convainque que les inconvénients en vaudront la peine. Le hic, c'est que l'anti-oestrogène accroît les risques de thrombose et d'embolie pulmonaire, me prévient le Dr Houde.

Quand je consulte les différents forums où se confient de nombreuses guerrières je constate, une fois de plus, combien nous sommes toutes différentes. Chacune doit finalement trouver sa propre voie, sa propre voix aussi et suivre son instinct. Le mien me dit de profiter encore quelques jours de cet état de bien-être à peine retrouvé et, puisque je veux tout faire pour gagner cette guerre une fois pour toute, d'affronter les cinq prochaines années en me disant, si les effets secondaires se manifestent, que cela ne sera jamais comme la chimiothérapie.

Autre plaisir : conduire ma voiture.  Mon état de grande faiblesse et les effets des médicaments exigeaient la prudence. Je n'ai pas touché au volant pendant des mois, jusqu'à ce dernier mardi 7 août.

Les plaisirs surpassent les déplaisirs. Je savoure au rythme de mon pas, plus lent peut-être,  qui me conduit maintenant au-delà du petit pont du ruisseau Xavier du chemin de la montagne, tiers de mon parcours ciblé qui me mènera au sommet... dans moins d'une semaine, je l'espère. Après, je voudrai plus encore. Pour commémorer l'anniversaire de l'armistice annoncée, je veux vivre avec mes enfants le voyage qui me conduira en un des rares lieux du Québec où je ne suis pas encore allé, les Îles de la Madeleine. Ma couronne de laurier pour 2013.





 

mercredi 1 août 2012

Mortel cancer

 Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite.

Le cancer tue. 

Je suis au 64e jour de l’après ma dernière séance de chimiothérapie, au 9e jour de mon dernier traitement de radiothérapie. Mes cheveux pointent en discret duvet où se mélangent le noir et le blanc. À peine perceptible, quelques embryons de cils semblent border mon œil gauche. Signes de vie. Et pourtant le cancer tue.

Je viens de discuter avec un homme que j’apprécie beaucoup. Son cancer est généralisé, me confie-t-il. 

- Plus rien à faire… les soins palliatifs s’occupent de moi.
- Je n’ose imaginer ce que tu traverses en ce moment, lui dis-je.
- Je suis très bien suivi. Pas de douleurs et je suis serein...je suis à un autre niveau...

Ma gorge se noue. 

Un peu plus tôt, j’apprends avec grande tristesse que le petit Miro - que dis-je? - que le «grand» Miro de Sainte-Rose-du-Nord, dont je parlais ici l’automne dernier, affronte le difficile moment de la prise de conscience de sa fin prochaine. «Selon son médecin il reste de 4 a 6 semaine pour profiter du plus beau sourire de l'univers», lit-on sur la page Faceboock de Miro : «Tous les projets, à moyen terme, vont se faire selon son état de santé», précise Nadine Laurin, lors d’un reportage sur l’étonnant parcours de la famille Angers qui, depuis le verdict fatal de 2011, se consacre exclusivement à rendre Miro heureux. « C'est aujourd'hui, ce n'est pas dans vingt ans, c'est aujourd'hui qu'il faut vivre des choses et pleinement, en plus. Le bonheur est dans le quotidien .» Jean Angers 

Furetant sur Internet, je tombe sur cette autre nouvelle, La comédienne Jocelyne Goyette  (63 ans) décédée jeudi à la suite d'un cancer, ici.

En parcourant mon Quotidien du Saguenay-Lac-Saint-Jean, rares sont les jours où je ne vois pas le visage d’une personne morte suite à un cancer. J’y suis sensible après sept mois vécus dans le seul but d’éradiquer de mon corps ce crabe meurtrier. Y sommes-nous parvenus mes alliés et moi? Je le saurai dans quelques semaines, sans garantie ultime, sinon l’assurance d’une guérison voire d’une rémission de longue durée.

Aujourd’hui, j’ai du chagrin pour les victimes. Demain, je retrouverai sans doute ce mélange de fatigue et de contentement d’une rescapée qui vient de traverser un champ de mines, un marais infesté de prédateurs aux dents voraces, un lagon aux eaux tourmentés m’emportant sur les récifs aux crêtes acérées. Aujourd'hui, c’est parce que je suis vivante que mes larmes inondent mes yeux alors que je regarde le visage serein de l'ami et le sourire de Miro. 

Miro
Photo tirée du mur FB : En support à Jean Angers


***
11 août 2012

Aujourd'hui ont lieu les funérailles de Denise Dallaire, auteur-compositeur, compagne de classe et poète... une autre victime du cancer.

lundi 23 juillet 2012

Radiothérapie : grande finale

Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite. 

Est-ce possible? 

Sonnez les cloches, chantez, dansez, envahissez l'espace, ouvrez grand les bras pour enlacer la vie... dans quelques heures, les rayons signeront sur mon corps mutilé les closes d'une armistice entre le cancer et moi. Il dépose les armes après sept mois de combat. Ce soir je sabre le champagne!

À 16 h 10, ce 23 juillet 2012, je vivrai ma 20e et dernière séance de radiothérapie. Bien sûr, il faudra un ultime examen pour conclure à la victoire. Mais je la sens en moi, vibrante et lumineuse.

 Aujourd'hui, j'accepte de poser les yeux sur les ruines d'un corps qui a chèrement combattu pour vivre. Dépouillée de mes cheveux, des mes cils, de mes sourcils, le sang anémié, la chair à jamais marquée par des cicatrices encore douloureuses, les mains laides de mes ongles assaillis par les poisons chimiques, la vue sans cesse brouillée par les larmes d'une pluie persistante, l'énergie en berne et la douleur couvant sous les cendres, je regarde devant moi et vois l'avenir.

Le quotidien de la radiothérapie

À la quatrième séance de traitement, j'ai compris que tout ce mois allait se passer au rythme des passages quotidiens au service de radio oncologie

Bien que suivant le conseil du technicien, à savoir prévenir la douleur au bras et au dos en prenant un analgésique avant le traitement, je n'échappe pas totalement à la douleur, mais parviens à espacer la prise de morphine, mais non au triatec.

Déjà habituée à la promptitude du service, la 5e séance va se révéler plus cahoteuse. Ce vendredi 29 juin, l'humeur du temps est orageuse. À peine arrivée dans la salle d'attente pour mon rendez-vous de 14 h 45,  je lis sur le tableau blanc les retards des salles 1, 2 et 3 variant de 20 minutes ( 2 et 3) à 1 h 55 (salle 1). Le nombreux de patients impatients va croissant. Les conversations se multiplient. Je tente d’occulter les propos réactionnaires de quelques messieurs installés devant la télévision. Tous les préjugés y passent jusqu'à ce que le propos se fasse plus personnel. Une description détaillée de leurs ennuis de santé, de la vessie à la prostate. Face à moi, trois femmes échangent sur leur expérience. Je frémis en entendant l'une d'elle mentionner qu'après avoir combattu un premier cancer du sein, sans chimio, elle est en lutte pour un second. Elle ne se plaint pas. Elle se veut rassurante concernant les effets de la radiothérapie, fière de ne pas avoir perdu ses cheveux blonds et bouclés. 

Le retard s'accentue. Les orages provoquent de courtes pannes d'électricité. Or une interruption, même très courte, exige une vérification de toutes les machines. Afin de gagner un peu de temps, chacune est appelée pour redessiner les tracés rouges qui, en prévision des douches de la fin de semaine, sont protégés par un ruban collant transparent. J'y passe à 15 h. Je choisis de retourner dans la salle d'attente en jaquette d'hôpital pour éviter un second déshabillage. J'en couvre l'inélégance par ma veste, laquelle fait l'envie des autres qui commencent à mal supporter le froid de la salle d'attente. Bon samaritain, le concierge distribuera quelques couvertures. Il est sympathique cet homme; saluant les patients qui le croisent pour montrer qu'ils ne sont ni anonymes, ni invisibles. Je le rencontrerai à d'autres étages où nous échangeront sourire et bonjour comme de vieilles connaissances. À 17 h, je suis enfin priée de me diriger en salle 1. Quelques minutes pour bien m'installer sur la table avant de lancer les radiations et voilà que survient une nouvelle interruption de courant. À peine quelques secondes. Il faut recalibrer la machine. Retour  en attente jusqu'à 18 h 30. Pas de grogne. Tous les patients comprennent le problème. Une employée confie qu'en dix ans de travail au centre, c'est la première fois qu'elle voit une telle succession de pannes. 

Encore trois jours pour récupérer. Fatigue, frilosité, nausées, mal à l'estomac et dos douloureux, le sein lui me semble moins enflé et moins brûlant. Par contre je réagis mal à l’œdème spectaculaire de mes pieds. Est-ce un effet inattendu de la radiothérapie?

Mardi 3 juillet, les techniciens admettent que la plupart des effets énoncés peuvent être une conséquence de la radiothérapie, précisant que la chimiothérapie n'a pas fini non plus de se manifester, mais l’œdème n'en fait pas partie.

Mercredi 4 juillet, seconde rencontre avec l'oncologue. Il atténue mon angoisse pour certains symptômes : estomac, toux, taches brunes sur le sein. L'enflure de mes pieds l'alerte cependant. 

- Non, ce n'est pas la radiothérapie qui en est la cause, assure-t-il. 

Pas de conseil pratique en attendant, sinon, garder le plus possible les pieds surélevés. 

Je lui confie avoir eu, la veille, une journée où je me sentais relativement bien... une sensation d'énergie. Un regain. Il me regarde intensément :

- Cela va vous arriver plus souvent et cela va durer plus longtemps.

Et mes ongles?

- Patience. Vos ongles? On a tenté de vous empoisonner... on vous a empoisonnée. Patience, les effets de la chimio sont encore là pour plusieurs semaines... beaucoup de semaines.

Jeudi et vendredi, 8e et 9e traitement. C'est la routine avec son lot de fatigue, de sensations douloureuses. Supportables parce qu'on s'y habitue? Si ce n'était l'enflure de mes pieds et de mes jambes maintenant, la fin de semaine serait presqu'agréable. Je cueille chaque bon moment et m'offre, le dimanche, ma première vraie balade en cinq mois et marche en forêt, montant jusqu'au ruisseau qui borde mon terrain. La montée est forte bien que la distance soit courte. 

Lundi 9 juillet j'entame la seconde moitié de mes traitements, impatiente au mercredi, angoissée que je suis par ces pieds gonflés démesurément. Je ne suis pas la seule, me confie une connaissance en pleine guerre elle aussi. L’œdème l'envahit du pied à la cuisse avec douleur, inquiétude et entêtement de tous à nier un lien avec la radiothérapie. Pourtant? me dis-je, nous sommes plusieurs à constater cet effet. 

La salle d'attente est aussi une salle d'entente. On n'échappe difficilement aux confidences. Un regard suffit à distinguer l'accompagnateur du patient. Je suis chaque fois émue de cette volonté manifeste de vaincre le cancer qui les anime toutes. Les unes sont davantage épargnées, d'autres sont en désarroi à la seule idée d'être obligées de reprendre le travail dans quelques mois alors qu'elles se sentent encore si vulnérables. Il ne sert à rien de dire que tout va bien aller. On ne vit pas dans un futur probable quand on se noie dans le mal-être. Entendez-vous ma détresse crie-t-on dans nos silences autant que dans nos plaintes? Un cri devenu plus fort avec ces mois de lutte qui s'accumulent tandis que le corps continue de se dégrader. Ne pas nier ni le mal, ni la peur, ni l'angoisse de ces guerrières. Sinon, on les enferme dans la noirceur.

Mercredi. Enfin! J'ai rendez-vous avec le Dr. Brassard qui constate que le gonflement de mes pieds s'est encore amplifié. 

- Rétention d'eau? Circulation du sang?
- Je pense plutôt à un manque de protéines, dit-il. Une prise de sang nous le dira. Si vous la faites prendre demain, j'aurai les résultats pour notre rencontre la semaine prochaine.

Il me recommande de ne pas m'inquiéter. Si désagréable que soit l'enflure, il n'y a aucun danger d'autant plus qu'il demeure convaincu de la cause. Et pour la peau de plus en plus sèche du sein que malmènent les rayons, il conseille une crème, genre aveeno sans parfum. Tout à fait dans mes choix puisque j'utilise déjà leur gel nettoyant hydratant quotidien pour la douche. Je me sens plus légère.

J'aborde le jeudi et le vendredi comme une experte. Je sais que la fin de semaine sera bénéfique. L'augure est bonne pour le jour où les traitements prendront fin. Quittant la salle de traitement, je salue la dame qui, depuis un certain temps, me succède à la salle 1. Elle me connaît par son amoureux qui est un ami du mien, ancien confrère de travail et copain de ski. Je me souviens que mon Réjean lui avait confié sa peine de me voir attaquée par le cancer. Et voilà que la compagne de l'ami affronte le même ennemi. Pas de chimio pour elle, me rassure-t-elle et la radio se laisse apprivoiser. Nous sommes une femme sur neuf à affronter le cancer. Quelle que soit la direction où je regarde, un de mes proches sera atteint.

Mardi 17 juillet

J'attendais avec impatience de revoir mon oncologue, curieuse de connaître les secrets de mon sang. Bonne nouvelle : plaquette, globules blancs et rouges, circulation du sang, reins, foie, etc, rien d'alarmant. Et, tel que prévu, confirmation sans équivoque d'une carence en protéines. 

- Combien par jour me faut-il?
-Bonne question, dit-il en me signant un papier qui me donne accès à une nutritionniste.
- Pas de diurétique?

Il se montre prudent et me prescrit de l'apo-furosemide 20ng, pour quatre jours seulement.

Finalement, dans les circonstances, je dois absorber plus de 60 à 70 gr de protéines par jour. Je me transforme en chasseresse de protéines : 100 gr de yogourt vaut 4 gr de protéines, 50 gr d'amandes en vaut 10, deux œufs 13. Je fais l'inventaire de ce que je mange et me retrouve largement déficitaires de mes besoins. J'entreprends une discipline alimentaire dans le but de corriger cette carence. C'est fastidieux. Depuis l'enfance j'ignore ce que c'est que ressentir la faim. Mon corps ne me signale pas qu'il est en manque sinon par un état de faiblesse soudain et fort désagréable qui me donne la nausée. Faim ressentie ou pas, je m'oblige à consommer mes 60gr de protéines, surveillant l’œdème de mes pieds dans l'espoir de retrouver des chevilles fines.

Vendredi 20 juillet, 19e traitement. Michel ose poser la question : d'où venez-vous? Je suis arrivé au Québec en octobre 1957 à l'âge de 9 ans, mais j'ai gardé un accent qui semble tout aussi étranger quand je me retrouve en Belgique. Il a connu Bruges, n'ignore pas le conflit entre Flamands et Wallons et s'informe sur la fête nationale. Le 21 juillet, répond la Wallonne qui n'a pas tout à fait oublié l'histoire de son pays d'origine. J'aime mes trois jeunes techniciens : leur curiosité, leur souci de mon bien-être, la chaleur de leur accueil comme de l'au revoir. Je les reverrai lundi 23 pour la dernière fois.

23 juillet 2012

20e séance de radiothérapie. La dernière. J'ai l'impression d'être arrivée dans un lieu recherché après une longue traversée d'un champ de mines. La fin d'un parcours. Devant moi le vide. Je n'ai plus de repères, seulement une sorte d'euphorie. Voilà sept mois que j'ai entrepris une guerre contre le cancer. Elle n'est pas totalement terminée puisque je devrai me soumettre à une hormonothérapie pendant cinq ans. Elle se continue dans les effets secondaires de la chimiothérapie qui se manifesteront encore longtemps  et de la radiothérapie pour quelques semaines. Mais ce soir je fais la fête.

***

à suivre