En 2011 au Canada, on estime à 23 400 le nombre de femmes qui recevront un diagnostic de cancer du sein et à 5 100 le nombre de celles qui en mourront. En moyenne, chaque jour, 64 Canadiennes apprendront qu'elles sont atteintes du cancer du sein et 14 Canadiennes mourront des suites de la maladie. Une femme sur neuf risque d'avoir un cancer du sein au cours de sa vie. Une femme sur 29 en mourra. Le 16 décembre 2011, je suis devenue officiellement une des 23 400 femmes ayant un diagnostic de ce cancer. En 2021, on estime que 229 200 Canadiens recevront un diagnostic de cancer et que 84 600 décèderont du cancer.


dimanche 7 octobre 2012

Radiothérapie, difficile de l'oublier

Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite. 


La douleur s'impose encore. J'en suis au 128e jour post chimio, 73e post radiothérapie, 43e jour d'Arimidex. J'ai des jours fastes, où pleine d'énergie j'ambitionne peut-être. Et la douleur, telle un  gardien de prison, m'impose des limites que je tolère mal.

De légères douleurs musculaires, une nuque sensible, à peine quelques bouffées de chaleur et une belle énergie me permettaient de croire que l'Arimidex était très tolérable. Je le pense toujours et espère que cela va continuer ainsi.

Mon erreur? Oublier que le bras gauche demeure vulnérable et doit donc être ménagé. Que le sein gauche a subi deux opérations, ce qui complique et retarde sa guérison. Que les symptômes de la radiothérapie peuvent se manifester de nombreux mois après le dernier traitement (entre 6 et 12, parfois plus). Chaque cas est unique, dois-je me répéter. Je ne suis pas une statistique, ni une moyenne. Je suis moi, avec ses propres effets secondaires, ses propres réactions et ses limites.

Et fière de mes marches répétées, en chemin très pentu, de 3,4 km minimum, je me suis permis d'aller plus haut, plus loin, en escalade, armée de mes deux bâtons de marche pour m'aider à grimper ma montagne à travers une forêt touffue. Au retour, j'ai senti que mon bras gauche avait été trop sollicité. Il s'en remettra, me suis-je dit, sans plus d'égard pour les tiraillements insistants, ce dimanche du 30 septembre dernier.

J'ai manifesté la même indifférence le lendemain, convaincue que le temps jouait en ma faveur. Le 2 octobre, le sein gauche dur et tellement enflé, brûlant et douloureux, j'ai quand même attendu la soirée pour chercher un peu de soulagement dans la morphine (5mg). Le lendemain, je résiste encore à prendre des anti-douleur, cherchant plus que tout à sauvegarder mon esprit éveillé. Le 4 octobre, j'arracherais mon sein si je savais cela capable de calmer le mal si grand que j'en ai des nausées, un violent mal de tête, une sensation de fatigue intense et peu d'appétit. Enfin! je déclare forfait et entreprends une médication systématique aux quatre heures. En fin d'après-midi, je retrouve le sourire et prends la résolution d'écouter la douleur et de la combattre. 

Aujourd'hui, trois jours plus tard de traitement intensif, je peux espacer la prise des analgésiques. Je retrouve, presqu'avec plaisir, les élancements fugitifs mais fulgurants semblables à des coups d'aiguille. 

Pourquoi ne pas être plus sage? Pourquoi chercher constamment à dépasser les limites? Pourquoi tant d'hésitation à prendre des anti-douleur? Parce que... 

Voilà dix mois que je vis avec le diagnostic du cancer, ses traitements et leurs conséquences. Je n'aspire qu'à une chose : que cela cesse. Que vienne la fin du mal, des souvenirs de ce qu'ont été mon printemps et mon été, que je puisse saisir à bras le corps ma vie en reconstruction. Même si je ne saurai que dans plusieurs mois si j'ai gagné la dernière bataille, même si je ne saurai que dans cinq ans si j'ai gagné la guerre, c'est aujourd'hui qu'il m'importe de vivre pleinement.

Je sais, mon enthousiasme est un allié. Mon impatience est une tentation à laquelle je ne dois pas céder. Ma raison sait. Le marin que je suis dans toutes les fibres de mon âme ne veut entendre que le chant du vent dans les voiles... et rejoindre Ulysse au pays des sirènes.



 

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