En 2011 au Canada, on estime à 23 400 le nombre de femmes qui recevront un diagnostic de cancer du sein et à 5 100 le nombre de celles qui en mourront. En moyenne, chaque jour, 64 Canadiennes apprendront qu'elles sont atteintes du cancer du sein et 14 Canadiennes mourront des suites de la maladie. Une femme sur neuf risque d'avoir un cancer du sein au cours de sa vie. Une femme sur 29 en mourra. Le 16 décembre 2011, je suis devenue officiellement une des 23 400 femmes ayant un diagnostic de ce cancer. En 2021, on estime que 229 200 Canadiens recevront un diagnostic de cancer et que 84 600 décèderont du cancer.


jeudi 19 décembre 2013

Cette peur récurrente

Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite. 

À la veille de célébrer le 2e anniversaire de la première bataille (opération) menée contre le cancer du sein, je me retrouve confrontée à cette fracture irréversible qui sape la base de ma propre force. Si orgueilleuse je suis de ma survie, je demeure désormais extrêmement vulnérable à l'idée d'une récidive. Les cicatrices qui lézardent ma poitrine et mon bras reflètent les traces invisibles d'une peur obsédante qui s'insinue en moi envers et contre toute raison. 

Le cumul de symptômes dont on parle peu, du moins dans le cas des effets possibles consécutifs à la chimio ou la radiothérapie, nous plonge dans l'inquiétude et le doute. Que dis-je? Nous précipite dans la peur de découvrir que l'ennemi est de retour. Et tout bascule.

La raison suggère le déni temporaire, le temps de consulter, le temps d'avoir l'avis de celui qui sait... 

L'émotion n'écoute que les échos de trop de cicatrices accumulées. Pire, ce n'est pas de reprendre le combat qui m'a le plus ébranlée ces derniers jours. Non, ce qui m'effraie le plus dans ce débat mental, c'est l'idée de la souffrance imposée de nouveau à ceux qui nous entourent et dont la tendre présence n'a jamais fait défaut dans les pires conditions de la maladie.

Au cours des différentes séances de thérapie, j'ai partagé la salle d'attente avec des femmes qui traversaient leur 2e, leur 3e, parfois leur 4e cancer. Je me disais, les admirant, si elles le peuvent je le pourrai aussi. Mais, au plus profond de moi, je souhaitais échapper à cela. J'y ai cru.

Puis, différents symptômes sont apparus : écoulements parfois teintés de sang, inflammation, douleur. Et finalement cette dernière alarme d'un mamelon rétracté qui m'a conduite dans une spirale d'émotions qui me donne la mesure de ma fragilité.

Il n'y aura pas de certitude. Il n'y a qu'un nouveau répit.

Ce matin, rencontre avec mon chirurgien, dont le calme contraste avec mon tumulte intérieur.

- Comment allez-vous?
- Un peu inquiète, lui dis-je.
- Racontez-moi.

Je raconte. Il écoute. Ausculte. Rassure.

Oui, il y a inflammation persistante. Oui, il y a donc douleur. Les écoulements ont cessé? C'est bien. Une étape de franchie. Oui, il y a manifestement modification du sein et contraction du mamelon. L'opération a créé un vide... il aspire. La radiothérapie a causé  plusieurs dommages permanents. Et donc, 468 jours après la dernière séance de radiothérapie, les effets secondaires se manifestent encore. 

Je me souviens de mon insistance auprès des deux oncologues alors que je leur demandais combien de temps pour guérir? Et toujours la même absence de réponse. On ne sait pas.

Bref, ces symptômes ressentis par des femmes n'ayant pas eu le cancer doivent les inciter à consulter au plus tôt. Par contre, pour certaines rescapées de cette guerre, ils seraient des dommages collatéraux de l'opération et de la radiothérapie. Ce qui n'exclut pas de demander un avis médical éclairé et encore moins d'assurer le suivi annuel, si désagréable soit la mammographie imposée à un sein déjà douloureux.

Et comme me l'explique mon zen médecin :
- Quant au cancer du sein, il y a des femmes qui s'en tirent mieux que vous. Il y en a qui s'en tirent moins bien. Chaque cas est unique.

- Ah! Je suis unique!

Je suis repartie avec le sourire. Un peu fatiguée cependant. 

Au bilan : j'hérite d'un lymphœdème qui est une maladie chronique. Les douleurs se résorberont ou pas, nul ne peut prédire. Et la mammographie prévue en janvier sera l'annonce d'une nouvelle année de rémission... ou pas.

****

À la publication de mon dernier billet, hier sous le titre « Fichu 16 décembre » où je confiais mon inquiétude, j'ai reçu de nombreux messages d'encouragement, de confiance et d'empathie. Je me suis permis de les ajouter dans les commentaires de ce blogue, afin de les conserver. Ces messages ne sont pas anodins. Ils sont précieux, une flamme à laquelle se réchauffe le cœur. Merci à vous tous.




19 commentaires:

  1. Je suis heureuse que ce ne soit que ça, des effets de... Tout au fond de moi, sans pouvoir t'expliquer, je savais pourtant que la bête n'était pas de retour. Souhait? Intuition? Qu'importe. Passe de belles fêtes avec les tiens. Tu es unique, c'est bien vrai.

    RépondreSupprimer
  2. Simone Van Antwerpen20 décembre 2013 à 12:06

    Via FB : Ouf ma belle te voilà soulagée et moi aussi de savoir que ce symptôme peut-être une conséquence et non une reprise de ce crabe abominable.Ma cousine aimée tu es d'un courage exemplaire avec un moral tellement réconfortant pour toutes les femmes qui se battent comme toi.....Tu es bien comme ton papa oncle Jean: ne pas lâcher prise et continuer à vivre avec ton moral si admirable......Alors vis ma belle et passes de superbes fêtes avec tous les gens que tu aimes. Je suis heureuse pour toi que tu puisses admirer la vie qui t'entoure et partager cette nouvelle avec ta famille et la mienne inconnue. Bonne continuation ma Katiou. Je t'embrasse affectueusement. A bientôt ma belle. Ta Fauvette....heureuse pour toi

    RépondreSupprimer
  3. Via FB : Hip hip hip hourrrrrrra-:)

    RépondreSupprimer
  4. André R. Gauthier20 décembre 2013 à 12:07

    Via FB : Encore une fois Christiane, je te propose, ce que je dis le plus souvent possible et qui est à mon avis une bonne nourriture à notre cerveau......................De jour en jour à tout point de vue, je vais de mieux en mieux, je me sens plus fort, je suis confiant, je suis heureux et je suis en santé. Merci mon Dieu, merci mon Dieu.

    RépondreSupprimer
  5. Via FB : Hourra!

    RépondreSupprimer
  6. Via FB : Très heureux POUR TOI....

    RépondreSupprimer
  7. Via FB : Votre courage est en parti, le meilleur remède. Je vous admire, j'admire toutes celles, tous ceux qui vivent ces difficiles épreuves...

    RépondreSupprimer
  8. Via FB : Paix en ton coeur ma belle et courageuse guerrière. xox

    RépondreSupprimer
  9. Via FB : Super ! Maintenant profite bien de la magie des Fêtes avec ceux que tu aimes, petits et grands...

    RépondreSupprimer
  10. Via FB : Ouf, ouf et re-ouf! De belles Fêtes en perspective pour toi et les tiens!

    RépondreSupprimer
  11. Via FB : Je te souhaite de belles belles fêtes Christiane entourée de tous tes proches.

    RépondreSupprimer
  12. Marjolaine Bouchard20 décembre 2013 à 12:15

    Via FB : Respire un bon coup ! Profite maintenant de l'hiver autant que tu as célébré l'été et l'automne. Quel exemple de courage !

    RépondreSupprimer
  13. Via FB : Bon courage belle grande dame!

    RépondreSupprimer
  14. Via FB : Après un grand soupir libérateur l'envie de crier de joie! Ho que oui... HO YEAH! xx

    RépondreSupprimer
  15. Via FB : Grosse bise et amitié Christiane. x

    RépondreSupprimer
  16. Via FB : Une bouffée d'air pour Noël... x

    RépondreSupprimer
  17. Oui, cette peur toujours présente. Cette peur qui nous colle à la peau. Vous l'exprimez si bien. On n'ose pas en parler. Parce qu'on a survécu, on dirait qu'on n'a pas le droit de se plaindre. Que le cancer ne nous a pas tuée devrait être suffisant. Mon Dieu que cela me fait du bien de vous lire. Je ne saurais pas écrire ce que vous écrivez. Mais, c'est tellement cela que je ressens.

    RépondreSupprimer
  18. Savez-vous à quel point votre témoignage peut aider d'autres personnes? Mme Laforge, il faut du courage et de l'humilité pour vous dévoiler ainsi. Il y a cependant un sujet que vous n'avez pas abordé. Quand une femme subit une mastectomie, quand elle doit apprendre à vivre avec un corps et de laides cicatrices, que devient sa vie amoureuse? Vous vous exprimez tellement bien. Je serais curieux de vous lire sur ce sujet. Oserez-vous?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je devrais oser. Je réfléchis à la meilleure manière d'aborder ce sujet qui, vous le comprendrez implique automatiquement une autre personne puisque je vis une relation exclusive avec mon conjoint.

      Supprimer